20/03/2016 à 19:29
- Institution dans le monde de la photographie, le World Press récompense les meilleures photographies d’actualité
D'après le Time, le taux de candidatures rejetées pour cause de manipulations excessives aurait été cette année de 16 % : c'est
moins que l'année dernière, mais encore beaucoup.
Cette année, la compétition autour de l'un des plus prestigieux prix mondiaux de photojournalisme se jouait donc sur deux tableaux : celui de l'image et celui de l'éthique
le 1er prix du concours récompense le photographe australien Warren Richardson :
- un homme passe un bébé à son compagnon de voyage, sous les barbelés de la frontière serbo-hongroise, le 28 août 2015
- Extraits de son entretien avec l'équipe de Réponse Photo
" Je n'ai jamais shooté dans un environnement si sombre sans flash il a fallu pousser l'appareil jusqu'à 6400 ISO Jai du me pencher dans la gadoue et coincer l'appareil contre ma poitrine pour stabiliser. La pleine lune était ma seule lumière, le ciel de cette fin août était clair C'est ce qui a sauvé le cliché.
- Vous vous baladez avec un Canon Eos 5D Mark II équipé d'un objectif 24 mm. Comment l'apprivoisez-vous
Le 5D est un boitier magnifique. J'apprécie son écran dorsal de prise de vue, sacrément pratique. Je suis un adepte des "one shots" Je suis un gars très old school : j'ai horreur des rafales et je déteste reprendre une photo Tout ça n'a aucun sens à mes yeux. Si on loupe l'instant décisif c'est terminé"
"Le noir et blanc est ultra-dominant dans votre travail. En est-il de même dès la prise de vue ?
J'adore neutraliser les couleurs. Je bosse à 100 en noir et blanc via la fonction monochrome du 5D Vous savez, je suis né en 1968, j'ai regardé la télé et vu les horreurs du Vietnam dans cette teinte. Les journaux et magazines imprimaient en "black and white" dans les seventies. Jai grandi avec, c'est gravé en moi. Le cliché du World Press existe aussi en couleur, mais l'impact est radicalement different."
- je peux passer le papier entier mais pour d'évidentes raisons de droits il faudra éviter de la publier dans son intégralité.
23/03/2016 à 13:48
Aucun photographe intéressé par cet entretien entre des journalistes spécialisés en photo et un reporter photographe qui vient d'obtenir le Graal ?
28/03/2016 à 20:33
- J'ai mis la main sur un brouillon de la main de mon père qui démontre que ce n'est pas d'hier que l'image sert à manipuler les foules.
Dans les années 1948/1954, la propagande touristique vantait les attraits du pays, par une belle affiche aux couleurs flamboyantes, placardée dans les gares et hôtels algériens, avec un grand titre accrocheur ' L' Algérie, son ciel, son soleil ". (Mon père)
- L'Algérie, son ciel, son soleil, sa lumière
-
- ( Algérie 1950 )
Ciel bleu Le soleil éblouit
Air sec et chaud qui étouffe
Mouches en tourbillons
Immondices
Senteurs acres
Dans le gourbi
Les puces
Sautent, sautent.
Les poux
Fourmillent
dans les tignasses
Eau verte
Stagnante
De l'oued,
Sous les moustiques
Qui zigzaguent,
Zigzaguent
Des êtres nus.
Des enfants
Barbotent
Dans les taches
De la vase
Soulevée
Deux ormes,
Un olivier
Leurs feuilles
Poudrées
D'une grise
Poussière
Des lauriers roses
Touffus
Bordent la grève
Une vache
Étique
S' abreuve
Au loin,
En amont
Des charognards
Leur cou
Chauve
Dans une charogne
Avec tout çà
Monsieur le peintre,
Maître Ixe
Ou Voubiole.
Madame Ygrèque
Ou Ciroux.
Ou Truc,
Ou Machin
Vous font
Un paysage
Algérien,
Qu'ils disent
Un tableau
Çà n' a pas d' odeur
On n'y voit pas
Les puces les poux
Les moustiques
La misère
On arrondit les formes
De la vérité
Celles de la vache
Celles de la maigre femme
Qui traîne sa gerba
Vers l' oued
Infect
On lui construit
À cette malheureuse
Des seins
De madone
Ou de bourgeoise
C' est tout comme
On remplace
La gerba
En peau de chèvre
Par une amphore
C' est beau
Une amphore
Qui tourne à la lumière
Soutenue à l' épaule
Par un bras
Qui découvre
Le galbe d' une gorge
Voilà un tableau
De l' Algérie
Avec son ciel
Son soleil
Sa lumière
Un vrai paradis
30/03/2016 à 19:02
C'est intéressant comme comparaison elle me convient bien.
Pour ton doute sur la spontanéité de la scène que je partage je te propose de te référer au règlement draconien du WorldPress qui prévoit le cas de la mise en scène en l'interdisant formellement. Cela devrait suffire pour ne pas nous voir tomber dans le travers du doute systèmatique.
Bien entendu la mise en scène peut être le fait des personnes concernées par la photo il y a toujours un gros doute, ce fut le cas l'an passé où la mise en scène était manifeste mais comme elle n'était pas du fait du photographe elle n'a pas disqualifié le cliché.
Puis je rappeller, avant qu'on ne reparte dans l'habituel et légitime débat sur le sens du langage de l'image et sur l'usage du médium photo dans ce cadre, que le WorldPress récompense une photo de reportage et non pas une performance d'auteur ?
11/06/2016 à 19:20
Hop !
Encore un bon
qui se fait prendre la main dans le pot de la facilité.
Steve Mac Curry a construit sa carrière sur son travail de photo journaliste Il est connu et même célèbre pour ça donc quand il veut nous proposer une vue d'artiste la moindre des choses sera de nous en informer.
Il ne l'a pas fait et du coup la suspicion est sur tous ses travaux.
Voici par exemple ce que dit l'un de ses collègues
« Le débat sur le fait qu’il n’existe pas de “vérité” en photographie, qui est un vrai débat, est ici hors-sujet. Que ce que pense un photojournaliste soit subjectif est un fait ; qu’il devrait aspirer à une approche objective, une approche qui n’est pas déterminée par le gain financier ou la gloire, est aussi un fait. Cela s’appelle l’intégrité. Cela ne peut pas se mesurer : elle existe, ou pas. »
14/07/2016 à 19:26
L'affaire Mac Curry agite la microsphère des photographes professionnels.
Pas mal de Tweet pas mal de cris dot les échos sortent des pages Facebook qui se rallient mordicus au photographe ou au contraire qui profitent de l'occasion pour le piétiner
Et maintenant deux papiers dans Réponse Photo et compétence photo, je cite ceux la car ils sont bien écrits et documentés je vous fait grâce de tout ce qui traine ailleurs
04/09/2016 à 14:02
Après ces deux papiers, Reponse Photo publie un texte attribué prudemment à l'un de ses lecteurs que j'aurais fort bien pu écrire si ce n'est que j'aurais nuancé sur l'usage graphique du matériau qu'est la photographie dont on ne peut nier ni les qualités ni l'utilité dans notre monde de l'image pour encore mieux le distinguer de la notion de photo
Vous le trouverez en fin du numéro 294 de septembre 2016 dans la rubrique tenue par Jean Francois Ruzel
Un très bon numéro passé cet éditorial
- IL traite de la photo ultra rapide ( je sais que sur PP quelques uns ont échangés la dessus ils trouveront dans ce dossier d'autres elements comme des adresses et des procédures astucieuses)
- Mais aussi du travail de photographe militaire avec un pointure comme l'adjudant chef Arnaud Roiné qui rappelle l’éternelle question que doit se poser tout photographe. Suis je seulement témoin et ne suis je pas parfois amené à modifier le réel par ma présence ou comme acteur. Après vingt ans sur tous les théâtres il a un début de réponse.
- Il y a aussi l'habituel cahier argentique ce mois ci particulièrement riche avec l'actualité des matériels disponibles, signe de la vitalité du support.
- Claude Tauleigne nous remet les points sur les "I" concernant la logique conduisant a passer de définition à résolution.