Les cuisines de l'Europe

12/07/2015 à 14:28

cocagne


  • C'est la cata chez nous mais c'est la cata en Espagne c'est la cata au Portugal. Plus Moins c'est juste une affaire de perspectives toujours est il qu'on a d'abord vu arriver toute une vague de travailleurs déjà immigrés la bas, c'était bien, on mélangeait l'espagnol au français pour parler à un chef d'équipe Marocain qui traduisait en portugais ou en turc les consignes du jour.

Puis ce fut la confusion avec les marchands de viande qui "plaçaient" des équipes venant de toute part de l'Europe à des tarifs tels que pour les chefs d'entreprises c'était ou succomber à la tentation ou rester droit dans ses bottes et mourir sur pied, heureusement ce qui reste de notre administration a mis un peu d'ordre la dedans en reéxpiiquant les règles à tous avec parfois quelques coups bien douloureux de celles ci sur les doigts.
Maintenant c'est une autre étape ce sont les entreprises elles même qui viennent avec armes et bagages car rester sur leur seul marché local c'est disparaitre, le marché du bâtiment en Espagne c'est plus de la moitié, la moitié pas moins, des hommes qui sont à la rue.Alors on ne discute pas et on prend son balluchon quand une équipe se forme pour venir construire chez nous.
Mais on est loin des conditions sordides souvent décrites dans la presse grand public par des gens qui n'ont pas de cale aux mains.
Nos voisins sont des gens compétents dans leur métier ils ont une autre vision de l'organisation mais celle ci est réelle et efficace par exemple nous avons été étonnés de découvrir une véritable cuisine installée dans un container avec un vrai cuisinier au beau milieu d'un chantier et au fond pourquoi pas ? Quitte à être en déplacement autant rationaliser les tout et tendre à un efficacité maximum du temps passé loin de sa famille. Ce qui compte au fond n'est pas ce qu'on gagne chaque mois mais plus ce qu'on ramène aux siens.


  • Lui c'est le chef de chantier il vient vérifier l'état d'avancement du repas de ses hommes cela a un petit coté pêche en haute mer

Son histoire est assez emblématique  il est Portugais il a 31 ans. Depuis l'age de 19 ans il travaille pour des entreprises espagnoles ou plutôt catalanes enfin pas vraiment depuis l'age de 19 ans car à cet age il a fait une chute de 9 mètres sur un dalle en préparation de ferraillage, 9 mètres cela correspond au troisième étage d'un bâtiment; le ferraillage a plus ou moins amorti l'impact mais en même temps les attentes l'ont perforé un peu partout. il y a au moins un(e) urgentiste ici qui pourra donner la mesure de ce que cela signifie par delà l'horreur. Il est resté 11 jours dans le coma et à la stupéfaction des médecins barcelonnais s'est non seulement réveillé tel Lazare mais a fini après une long calvaire par se lever de son lit. Il dit très simplement que lorsqu'il  comprit que physiquement il ne pourrait plus être au niveau de ses camarades il a choisi de préparer les différents examens qui autorisent à la responsabilité de chef de chantier. 
C'est son premier commandement et c'est un type bien.
 
12/07/2015 à 19:47

photoc

bel hommage à ces hommes et récit intéressant je m'abonne pour la suite ;)
13/07/2015 à 18:27

cocagne

Merci Photoc.
la suite ? On doit pouvoir la faire ensemble…
14/07/2015 à 07:56

photoc

quand je parle de suite, je pense à ton métier dans lequel tu sembles rencontrer beaucoup de gens et de plus tu as des talents d'écriture bien meilleurs que moi  ;) . Donc tu pourrais jouer au photo- reporter sur les chantiers et nous dresser le portraits de certains ouvriers  :)