Le passage le plus émouvant de notre circuit, en ce qui me concerne.
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"1er juillet 1916. Dans la Somme.
Les allemands et les anglais sont face à face.
Chaque homme terré au plus profond de sa tranchée.
Chacun entouré de compagnons d'arme, morts en sursis.
Chacun dans la plus grande solitude avec pour seule amie la peur. Une peur si puissante qu'elle ronge le corps de l'intérieur.
L'affrontement, brutal, frontal, sans aucun sens, commence. Mourir ou tuer. Sans réfléchir.
Les anglais progressent. Ils sont presque arrivés sur la tranchée opposée. Ils savent qu'ils ont un soutient de taille. Plus de 800 canadiens attendent le signal, une fusée tirée en l'air, pour sortir à leur tour de terre et prêter main forte aux british.
Mais la malchance se sent tellement chez elle sur ces champs de batailles. Les allemands en difficultés appellent du renfort. Ils lancent le signal, une fusée tirée en l'air. Les terre-neuviens regardent ce feu monter au ciel. Leur signal. Il faut y aller.
Les cris pour se donner du courage. Les corps qui sortent de cet abris de misère pour retomber immédiatement. Lâchement abandonnés par des âmes qui préfèrent quitter ce monde où la violence est reine. Ailleurs sera certainement plus agréable.
Trente minutes. C'est le temps assassin qu'il faut pour faire passer cette petite armée de 800 canadiens à 70…
Le silence…
Aujourd'hui le lieu est préservé par l'état du Canada, sur la commune de Beaumont-Hamel, dans la Somme. Il est extrêmement émouvant de marcher sur le champ de bataille qui a vu ce carnage. Les tranchées sont recouvertes d'herbe bien verte. Mais impossible d'avancer ici sans penser à ces pauvres soldats canadiens venus se faire tuer loin de chez eux. Seul le silence, le recueillement et l'incompréhension habitent chacun de nous pendant les trente minutes de la visite.
Trente minutes…"