Oradour sur Glane le village martyre

15/09/2011 à 09:12

Beastylif

Le 10 juin 1944, Oradour-sur-Glane, village du Limousin est le théâtre d'une exécution systématique par les Waffens SS. Le site a été conservé en l'état.  Ce jour là (4 jours après le débarquement), les allemands remontent vers la normandie et la résistance fait tout son possible pour freiner leur progression. Les raisons de cette tuerie ne sont toujours pas claires aujourd'hui, Oradour sur glane n'abritant aucun resistant. La population n'avait pour ainsi dire jamais vu d'allemands depuis le début de la guerre (nous sommes en zone libre).

Pourtant ce jour là les SS feront officiellement 642 victimes en moins de 3 heures, hommes, Femmes et enfants…

les hommes furent séparés en 6 groupes et les femmes et les enfants (400 personnes environ) dans l'église…

"Ici des hommes firent à leur mère et à toutes les femmes la plus grave injure : Ils n’épargnèrent pas les enfants" (Paul Eluard 1944)

Pour plus de détails, passez par ici

Maintenant je me tais…







La cloche de l'église fondue

l'église


Une des granges ou les hommes furent mitraillés

La poste

Les rails du tramway


Un puit ou des corps furent retrouvés plusieurs jours après

l'église et le vitrail par lequel une seule femme à pu sortir et survivre une seconde femme et son enfant n'auront pas cette chance


Une maison







15/09/2011 à 13:49

Ryki

Encore un superbe reportage Beastylif.

J'ai déjà eu à apprécier tes clichés et échanger sur ce triste sujet dans ton autre post.

Tes photos sont, une nouvelle fois magnifiques.

Si j'avais une remarque, je dirai que cette jolie verdure, à juste titre envahissante et qui reste la dernière trace de vie au milieu de ces ruines, contraste un peu trop avec l'ambiance qui y règne. D'un certain point de vue, ça rajoute un peu trop de douceur en ces lieux qui symbolisent avant tout la barbarie humaine.

J'aurai plutôt opté pour du noir et blanc avec ajout de contraste. A la limite le sépia (encore trop "poétique" à mon goût).

 
15/09/2011 à 14:02

Karine

Et bien, quel reportage… merci pour le partage, et les notes explicatives. Le beau temps et le calme qui règnent sur les photos contrastent bien avec ce qu'a pu vivre le village, une ambiance "glauque" donnée en PT aurait été trop évidente et clichée.

Le village est-il tout en ruine aujourd'hui ? Il n'a pas été reconstruit ? Je trouve toujours étonnant (sans jugement, je me pose seulement la question) le fait que les hommes vivent autant dans leur mémoire. De là à ne pas reconstruire un village, et en faire un musée. Une belle preuve aurait été de redonner vie à ces ruines, non pas pour oublier, mais pour se battre contre cette barbarie humaine, et ne pas la muséifier. J'essaie de me faire un avis là dessus, depuis quelques temps déjà. Avis qui n'est pas tranché bien entendu et ne demande qu'à évoluer. Pas facile comme thème, toi qui t'es penché bien plus que moi sur l'histoire et ce village, ça m'intéresserait d'avoir ton avis sur la question :)

15/09/2011 à 18:37

Beastylif

@Ryki :
Tout d'abord : merci, je suis flaté par tes commentaires… :*)
Pour le PT je me suis posé la question, et puis je l'ai essayé un peu,  l'église par exemple. Mais en fin de compte, ça revient un peu à "romancer" des faits réels. le village est ainsi aujourd'hui, et en 1944 il était identique. le N&B et le sepia ajoute un coté historique, mais les gens à cette époque vivait tout autant en couleur que toi et moi… alors, le village avait bien cette allure, mais je comprends ton idée, j'y ai pensé et ne l'ai pas choisie… :-t
et puis oui, la vie a effectivement repris ses droits. j'avais même pensé photographier ma fille de 5 mois devant ce fond dévasté pour une touche "artistique" d'espoir. mais je me suis ravisé en me disant qu'il ne s'agit pas d'un terrain de jeu… pas facile tout ça… :-i

@Karine :
Merci pour ton passage sur le post et tes commentaires. :-w
Si tu lis les lignes ci dessus, tu verras que je rejoins ton point de vue pour le PT.
Oui, le village est resté dans l'état exact où il a été retrouvé après le drame et n'a pas été reconstruit.
Un second village dont l'agencement, l'orientation et la logique ont été repris sur le premier a vu le jour à quelques dizaines de mètres du village martyre.
Le drame d'Oradour sur Glane continua après le massacre, car de façon résumée : les bourreaux ont été acquittés peu après les procès. La pluspart d'entre eux (les hommes du rang pas les gradés) étaient des "malgré-nous". c'est à dire des alsaciens (donc français) enrolés de force par les SS. Politiquement il était impossible de concillier les volontés des familles des victimes d'Oradour et les familles des soldats alsaciens enrolés de force. les peines d'emprisonnement ou les peines de morts étaient inconcevables pour les alsaciens et les amnisties prononcées ensuite firent injures au limousin !
Donc les gens ont souhaité conserver le village dans cet état pour ne pas oublier et parceque le deuil leur était impossible : les corps étaient volontairement calcinés et rendus méconnaissables pour empecher leurs identifications et faire diparaitre de l'histoire les preuves de ce carnage, tout en marquant volontairement les esprit au fer rouge à l'époque. Donc c'est une fosse commune qui a permis d'ensevelir ces centaines de corps dans l'urgence. Pas de tombes individuelles et pas de justice non plus au final !
Les villageois ne veulent surtout pas oublier ! et prouver au monde que tout ceci a bien existé !
Donc, je pense qu'ils ont eu raison de garder trace de ce jour maudit. preuve en est : je savais que ce village existait, il y a de la documentation dessus, sur le net, le film "le vieux fusil" s'en est inspiré et je l'ai vu il y a longtemps déjà. pour autant je n'en parle que depuis que j'y suis allé, parceque franchement, je n'étais plus le même en sortant…




15/09/2011 à 19:07

elina

Bravo Beastylif pour ce magnifique témoignage et photos et textes !
Ouradour est en effet resté en l'état comme tu le décris si bien. Et un long conflit a opposé jusqu'en 2005 l'Alsace au Limousin.
Tout récemment, des délégations des deux départements se sont rencontrées et ont décidé de visiter tour à tour Ouradour s/ Glane et le Struthof (nom du camp de travail nazi situé le plus à l'Ouest de l'empire du troisième Reich), à Natweiler en Alsace. Il aura fallu 60 ans pour que des mains se tendent, que la paix trouve un chemin vers les coeurs et les mémoires. Il aura fallu trois générations…
L'histoire d'Ouradour illustre à plus d'un titre l'absurdité de la guerre quelle qu'elle soit.

Je reste cependant très réservée quant à la nécessité de maintenir ainsi, en l'état, un village (même s'il a été reconstruit à l'identique un peu plus loin sur la commune qui vit largement, plus de 68%, des subsides constitués par la visite de ses ruines)… Car dans le fond, qu'est-ce qu'Ouradour ? Un lieu touristique ? Un lieu de pélerinage ? Un lieu de mémoire ? Et si cette dernière option est retenue, alors Auschwitz ou les cimetières militaires bordant la cote Normande, ne suffisent-il pas ? C'est une simple question que je pose, hors de toute polémique, sans intention d'envenimer quoi que ce soit, sans jugement non plus de qui ou quoi que ce soit.

Elina
15/09/2011 à 21:37

Beastylif

@elina :
merci pour ton commentaire :-w
En effet, de mémoire, il y a eu 3 grandes étapes dans ce procès, 1948, 1954 et 197… il me semble… avec x rebondissement, et oui il y a eu ce rapprochement récent…
je partage à 100% la gêne que pourrait proccurer l'aspect touristique de ce lieu, pour autant, il n'y a de souvenirs que des livres et des images de témoignages, pas de t-shirt ou de ballons etc… (encore heureux me diras-tu !).
Et pour aller au delà encore, j'ai également eu peur de ressentir ce sentiment de…"voyeurisme, de curiosité"… je me suis demandé ce que je venais chercher ici, en souhaitant vivement qu'il ne s'agisse d'aucun des deux ! Et bien, j'ai vite trouvé réponse ! le silence quasi-total lorsque tu arpentes ces rues… je ne sais pas si tu y es allé, mais ça calme vraiment…
Pour plus de précisions, la visite du village martyre est totalement gratuite ! Seul le musée est payant et tu peux ne pas le faire, il t'en coute 7€70.
ils n'y vendent pas de boissons, de sandwichs etc… il y a une discretion tres appréciable ! Il est par contre bien évident que compte tenu du nombre de visiteurs, les commerçants du "nouveau" Oradour, font un peu recette j'imagine…
Pour finir, je dirai que Auschwitz, Dieppe et tous ces lieux de mémoires, ne racontent pas tous la même histoire, même s'ils parlent de la même pèriode. Je ne me voudrais pas avoir à expliquer à une famille de canadiens dont le grand père est enterré à Dieppe, que le Mont Valerien de Suresnes suffit à raconter leur histoire !



16/09/2011 à 09:06

Beastylif

Voici un copier/coller de wikipedia, qui éclaircie certains points…
Après huit années d'attente le procès de 21 soldats — sur 64 identifiés — ayant participé au massacre d'Oradour a lieu en janvier-février 1953 devant le tribunal militaire de Bordeaux. Adolf Diekmann, le commandant SS, ne sera pas jugé car il est mort sur le front de Normandie ; il est enterré au cimetière normand de la Cambe. Le 12 février 1953, le tribunal prononce les peines suivantes  :
  • le militaire allemand le plus gradé est condamné à mort ;
  • un autre Allemand qui a pu prouver son absence d'Oradour le 10 juin est relaxé ;
  • quatre autres Allemands sont condamnés à des peines de travaux forcés de dix à douze ans ;
  • le seul Alsacien volontaire du groupe est condamné à mort ;
  • neuf Alsaciens sont condamnés à des peines de travaux forcés de cinq à douze ans ;
  • les quatre autres Alsaciens sont condamnés à des peines de prison de cinq à huit ans.

La population alsacienne proteste contre les peines infligées aux Malgré-nous, car ceux-ci ont été contraints d'exécuter les ordres des supérieurs allemands. Le procès de Bordeaux symbolise en quelque sorte le malaise alsacien  : la population française n'a, dans sa grande majorité, pas connaissance du drame des 130 000 Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans les armées allemandes. Quant aux familles des victimes - et au Limousin en général -, ils trouvent les sentences scandaleusement indulgentes  : d'après eux, tous les participants au massacre auraient dû être condamnés à mort.La loi d'amnistie votée dès le 19 février accentue ce sentiment d'outrage. La riposte d'Oradour est immédiate. Citons   :
  • la demande pour qu'on lui rende le site commémoratif,
  • la décision de l'ANFM de renvoyer la Croix de Guerre décernée à Oradour en 1947, ainsi que la Légion d'honneur décernée à l'association en 1949,
  • le refus de transférer les cendres des martyrs dans la crypte construite par l'État,
  • le refus de la présence de représentants de l'État aux cérémonies commémoratives (l'exception étant la visite du Général de Gaulle en 1962),
  • l'inscription sur une plaque à l'entrée des ruines des noms des députés qui avaient voté l'amnistie.

Le collectif « Maquis de Corrèze », dirigé par le député honoraire Pierre Pranchère, s'oppose au projet de loi voté au Sénat en 2008 portant adaptation du droit pénal français à la Cour pénale internationale. En effet, ce texte prévoit une prescription des crimes de guerre par trente ans (article 462-10), ce qui revient à déclarer une amnistie pour les responsables des massacres de Tulle et d'Oradour.
16/09/2011 à 11:08

Ryki

Beastylif a écrit :

@Ryki :
Tout d'abord : merci, je suis flaté par tes commentaires… :*)
Pour le PT je me suis posé la question, et puis je l'ai essayé un peu, l'église par exemple. Mais en fin de compte, ça revient un peu à "romancer" des faits réels. le village est ainsi aujourd'hui, et en 1944 il était identique. le N&B et le sepia ajoute un coté historique, mais les gens à cette époque vivait tout autant en couleur que toi et moi… alors, le village avait bien cette allure, mais je comprends ton idée, j'y ai pensé et ne l'ai pas choisie… :-t
et puis oui, la vie a effectivement repris ses droits. j'avais même pensé photographier ma fille de 5 mois devant ce fond dévasté pour une touche "artistique" d'espoir. mais je me suis ravisé en me disant qu'il ne s'agit pas d'un terrain de jeu… pas facile tout ça… :-i



Il est clair que le sujet est difficile à mettre en image, tant le sujet est délicat et symbolique.

Il est donc plus qu'évident que je respecte totalement ton choix de composition ;). 
23/09/2011 à 09:06

Beastylif

bah, c'est un choix, mais je me suis posé vraiment la question.
Pour autant, si tu veux tester des retouches sur ces images, ne t'en prive pas, montre moi le résultat… :P
23/09/2011 à 16:23

yawaN

C'est domage, il manquerait une photo de la rue principale, déserte, laissant imaginer le reste :).
23/09/2011 à 16:29

yawaN

23/09/2011 à 16:30

yawaN

elina a écrit :

… Car dans le fond, qu'est-ce qu'Ouradour ? Un lieu touristique ? Un lieu de pélerinage ? Un lieu de mémoire ? Et si cette dernière option est retenue, alors Auschwitz ou les cimetières militaires bordant la cote Normande, ne suffisent-il pas ? C'est une simple question que je pose, hors de toute polémique, sans intention d'envenimer quoi que ce soit, sans jugement non plus de qui ou quoi que ce soit.

Elina


Ouradour sur Glane joue le rôle d'exemple, dans l'histoire de la seconde guerre mondiale, tant par son histoire, mais également par la symbolique qu'il s'en dégage. Ouradour met en image un massacre de civils, Auschwitz, Treblinka et d'autres camps, on un autre rôle, et les cimetières sont là pour rappeler les militaires tombés. Ouradour est là, pour ne pas "oublier", elle fait figure d'exemple.



@Beastylif : j'aime beaucoup la 1, très marquante quand on connait un peu plus l'histoire du patelin, mais j'aurais également ajouté un cliché de la rue principale :).

23/09/2011 à 17:23

Beastylif

@yawan : merci pour ton passage ici… j'ai effectivement photographié la rue principale, l'ancien champs de foire etc… mais il y a pas mal de monde dessus, et je ne souhaitais pas voir de t-Shirt fluo et autres bob sur mes PDV… ^^ donc, je ne les ai pas publiées, trop de monde. :|
23/09/2011 à 17:34

yawaN

ah ça… les parasites sur les photos… ^^ :-f
23/09/2011 à 17:54

Beastylif

:P
en juillet il y avait du monde en effet…
23/09/2011 à 18:17

yawaN

j'y était allé en plein hivers, y'avait pas un poilu, mais il pleuvait xD