21/09/2012 à 13:48
beef
Rebonjour à tous,
Voilà, la saison 2012-2013 des interviews Pose partage est lancée.
Et c'est donc notre ami Meuble, que je remercie pour sa collaboration, qui ouvre le bal.
Je vous laisse découvrir cet entretien.
· Salut Meuble, alors, comme pour chaque début d’interview, peux-tu te présenter à la communauté ? Qui es-tu ? Où vas-tu ? Que fais-tu ? Quelle heure est-il ?
Bonjour bonjour ! C’est gentil d’avoir pensé à moi (quel honneur !), mais c’est risqué, non ? Vous connaissez (ou pas encore ?) ma propension à m’épancher en longues phrases remplies de mots parfois inutiles pour la compréhension globale, mais qui, j’espère, ajoutent de la saveur au texte, telles les épices négligemment saupoudrées sur le plat principal d’un gargantuesque festin, le sortant ainsi de sa terne léthargie de nourriture insipide pour l’élever au rang de plaisir gustatif, faisant ravaler au dictionnaire le verbe « manger » pour mettre en exergue un « régaler », un « déguster », un « savourer », ravivant de couleurs les papilles ensommeillées, et changeant de la même façon une ineffable logorrhée en sublime faconde !
Bref, ça risque d’être long, alors bon courage ! (En même temps, pas ma faute, on m’a dit « lâche-toi ! »).
Alors ça y est, ça commence, première question et c’est déjà la foire, cinq questions en une ! Mais c’est à ne plus s’y retrouver ! Soyons méthodique, procédons par ordre :
1. Oui, je peux.
2. Qui suis-je… Vaste question. Ou plutôt courte question sur un vaste sujet, qui implique une vaste réponse, car je ne saurais me définir précisément de manière concise. D’ailleurs je ne saurais certainement pas me définir précisément tout court, car je ne pense pas qu’il y ait une réponse absolue à cette question : qui suis-je physiquement, humainement, philosophiquement ? Comment me perçois-je, comment les autres me perçoivent, comment crois-je que les autres me perçoivent ? Autant de composantes de réponse qui font partie du puzzle, un puzzle au nombre de pièces indéterminé, et sans l’image de référence pour nous aider à le construire… Je suis une boule à facettes géante, il faut regarder en face chaque morceau pour pleinement l’appréhender, mais il est impossible de voir l’ensemble en un seul coup d’œil, il faut tourner autour pour essayer de construire une vision complète. Et si on m'éclaire, je réfléchis (mais pas aussi bien qu'un miroir, quand même). Alors je ne sais pas qui je suis… mais je peux essayer de me décrire, avec mes habitudes et mes lubies. Je suis un être humain. Déjà, c'est pas mal, non ? Faut avouer que si j'avais été un oursin, ç'aurait été plus difficile pour faire des photos. Vous allez assez vite vous en rendre compte : j’aime bien écrire. Plutôt prolixe, j’aime imaginer mes rêves, rêver ma vie, et vivre mon imagination. Alors quand on me demande qui je suis… Ce n’est pas pour rien que le terme « meublade » a été inventé ! Je suis discret, mais présent. Toujours là pour les potes. Surtout s'il y a des conneries à faire ou à dire. Faut bien que quelqu'un se sacrifie pour avoir l'air ridicule. Moi, ça me dérange pas. Se donner en spectacle, c'est offrir au monde une anecdote à raconter le soir à la maison. « Tiens, aujourd'hui, j'ai vu un mec traverser la rue en marchant seulement sur les bandes blanches des passages piétons ! Un vrai gamin ! Enfin, il devait avoir une trentaine d’années, quand même ! ». Oui, je fais ça. J'aime bien marcher sur les murets, aussi. Et slalomer entre les poteaux. Et faire des tours de manège. En courant. Autour du manège. Dans le sens contraire, bien sûr (on a l'impression d'aller plus vite, c'est beaucoup mieux. Si si, je vous assure : essayez, vous verrez). Je squatte les jeux pour enfants, aussi, de temps en temps, mais c'est rare parce qu'en général c'est interdit. Alors c'est le soir quand il n’y a plus personne. J'avoue que je rêve de jeux pour enfants à taille adulte. Ça manque, non ?
Je fais parfois la vaisselle torse nu. Ça évite de salir le haut à cause d'éclaboussures. Et quand je lave le sol, j'enlève le bas. Mais c'est d'ordre purement pratique, hein, rien à voir avec les fiches de poste du Sofitel. Quoique, si c'est demandé gentiment…
J'ai un super téléphone fixe ! Un vieux. Avec fil. Qui marche sans électricité. Oui, si vieux que ça. C'en est un à cadran. Vous savez, où il faut aller chercher le bon numéro, tourner le cadran, attendre trois plombes qu'il revienne en position, recommencer, … Bon, malheureusement, je peux pas appeler avec : il est branché sur ma box internet, et comme c'est pas un téléphone à impulsions, ça ne passe pas. Mais avec les appels entrant, ça marche nickel ! En plus, la sonnerie est magnifique… À moins de regarder des vieux films de temps en temps, ça m'étonnerait que vous ayez entendu ça récemment ! Appelez-moi, tiens, je vous le ferai écouter. (Pensez aux boules Quiès© quand même).
Mmh… what else ? Je bois pas de café, si vous espérez en boire chez moi, amenez le vôtre ! Par contre, j'ai du thé. Sinon, j'ai un sac à dos avec un capteur solaire dessus. J'ai un t-shirt « Pose partage », aussi. Ça a l'air de rien, comme ça, mais c'est collector. J'ai un costume de Vador, aussi. Si quelqu'une a un costume de Leïa slave, je suis ouvert à toute proposition indécente et incestueuse.
Bon, sinon, côté caractère, j’aime m'éclater, profiter de la vie, discuter, échanger, j’ai des envies de faire le tour du monde sur un coup de tête, d'improviser des soirées à finir en nuits blanches à se rouler dans l'herbe sous les étoiles, nager en plein délire, des lyres à la main et des palmes aux pieds, s'envoler sans filet vers la lune, et filer une étoile jusqu'à en avoir plein les yeux ! Bref, profiter des petits bonheurs de la vie… Mais j’ai aussi tendance à me laisser porter, à prendre un chemin au hasard et voir où ça mène. Du coup, un petit côté je-m'en-foutiste, aussi, forcément, ça va avec. Mais d'un autre point de vue, je suis conciliant : puisque je m'en fous, pas de raison d'être contre quoi que ce soit ! Un petit côté solitaire parfois, à partir me balader tout seul à explorer de-ci de-là, associé à un petit côté contemplatif : je suis capable de rester posé devant un joli paysage sous le soleil à regarder les nuages passer ou scruter les étoiles dans le vent du soir, sans rien faire d'autre qu'écouter la nature environnante, en profitant du moment où il n'y a besoin ni de parler ni de s'agiter, juste de respirer. Mais aussi un côté sociable parce que se morfondre trop longtemps tout seul dans son coin, au bout d'un moment c'est pesant. Alors juste voir des potes sans avoir rien d'autre de précis en tête que discuter, c'est bien aussi. Un brin taquin aussi, des blagues débiles, un 2nd degré voire un 3è ou plus, si j'ai l'air d'être blasé ou de dénigrer, en fait c'est juste une envie de provoquer, de titiller. cf. le côté taquin.
J'aime bien les kiwis, à poils et à plumes. D'ailleurs, j'ai en peluche des kiwis à plumes. Avec des poils, du coup. Et j'ai aussi un nounours d'1, 20m. Il s'appelle Teddy. Je crois que c'est ma peluche qui a le nom le moins original. Pour le coup, c'est atypique. À bien y réfléchir, je pense qu'en fait c'est lui qui a le nom le plus original, étant donné la norme établie par le plus grand nombre. Même si « la vérité n'est pas du côté du plus grand nombre effectivement parce qu'on ne veut pas qu'elle y soit. Le jour où le plus grand nombre sera à même, par sa culture, et ses connaissances, de choisir lui-même sa vérité, il y a peu de chances pour qu'il se trompe ». Bref, il est vachement sympa, Teddy. Passez, à l'occasion, je vous le présenterai !
Rien à voir, mais j'aime bien les tomates cerises. J'en bouffe comme un gamin abonné au dentiste gobe des sucreries. J'aime tomber sur la chanson que j'ai envie d'écouter, parmi la lecture aléatoire des 995 titres de ma playlist. J'aime faire une playlist de quasiment un millier de titres, mais je n'aime pas que les journées ne fassent que 24h : il me faudrait 66h20 pour écouter ma playlist en entier. J'aime les draps en satin, qui brillent et qui glissent sur la peau, on peut jouer aux pingouins dedans. J'aime pas écrire « pingouin », j'hésite toujours avec l'anglais penguin, ça finit par donner un concept hybride, du style « pengouin » ou « pinguin ». En plus, « penguin », ça veut même pas dire « pingouin »…
J'aime boire de l'eau quand j'ai vraiment soif. C'est tellement bon, l'eau, dans ces moments-là ! Je peux en boire un demi-litre cul-sec. Même si je suis en train de me baigner, avec de l'eau jusqu'au cou. J'aime avoir du vent dans les cheveux, me balader sous l'orage en été, et rester près du feu en hiver. Je n'aime pas que les gens que je croise baissent la tête ou regardent ailleurs, quand moi je les regarde, pour leur dire bonjour quand je croise leur regard. J'aime mettre de la musique à fond quand je fais le ménage. Je n'aime pas faire le ménage. Alors je mets parfois la musique à fond. J'aime m'éclairer à la bougie. J'aime bien les formes tarabiscotées que prend la cire en fondant. J'aime les plantes vertes. Je ne pense pas souvent à les arroser. Je n'aime pas oublier de les arroser, elles finissent comme de la salade cuite. J'aime bien la salade cuite. Je n'aime pas le poisson. Ni les crustacés, coquillages, et autres bestioles aquatiques qu'on essaie de me faire manger. Rien de personnel, c'est juste psychologique. Les poissons, c'est le mal. J'aime me réveiller en sursaut en me demandant l'heure qu'il est, et m'apercevoir que j'ai encore deux heures d'avance sur le réveil. Je n'aime pas me réveiller après la sonnerie… En fait, si, j'aime bien ! C'est une victoire de l'Homme sur la technologie. Ce n'est pas encore demain que Skynet contrôlera la planète. J'aime citer des répliques de films quand la conversation m'y fait penser. Je n'aime pas quand les gens à côté ne connaissent pas la référence. Ça jette un blanc. Mais j'aime bien partager ce que j'aime bien. J'aime quand on répond sérieusement à mes conneries. Surtout quand c'est gros. Plus c'est gros plus ça passe. D'ailleurs, les bras, ça repoussent. Si si. Et les lapins volent avec leurs oreilles, comme des hélicoptères. J'aime bien dire « scute », et, quand on me demande ce que je fais, répondre que je dis « scute ». J'aime aussi dire « stribu » quand on joue aux cartes et que quelqu'un distribue. Ou crier « mination » à bon escient (pas de discrimination). J'aime surtout quand, dans la même phrase, on parle de Dick Rivers et de discrimination. J'aime cacher des œufs de pâques dans toute la maison, et en retrouver encore six mois plus tard. Je n'aime pas les fautes d'orthographes ou de grammaire. Ou même de typographie. Je suis tolérant, mais faut pas pousser. J'aime bien procrastiner. Pourquoi remettre à demain ce qu'on peut faire après-demain ? J'aime bien utiliser des néologismes ou des barbarismes. C'est bien pratique, et parfois poétique. J’aime bien le xyloglotte. C’est une langue très classe, mine de rien. Traiter quelqu’un de diptérosodomite, par exemple, ça pourrait se faire très dignement, avec redingote et haut de forme. Je n'aime pas aller dormir, le soir, parce que c'est être raisonnable, parce qu'on bosse le lendemain. Je n'aime pas être raisonnable. Je n'aime pas les soirées qui se terminent, les gens qui s'en vont, alors qu'on était bien, là, posés en tas dans le salon, à raconter des conneries. J'aime bien faire des nuits blanches, voir le soleil se lever, hésiter à aller se coucher, et finalement rester réveillé. Si on va dormir, on sera décalé, il ne faut pas… J'aime bien ce moment, après une nuit blanche, où on a l'impression de se réveiller, et d'être en forme, comme si l'horloge biologique fonctionnait encore. J'aime bien être fatigué, ça fait planer le cerveau dans une brume de flou poétique et endorphinique. J'aime bien qu'on m'interpelle à une soirée « Wahou, t'es complètement bourré, toi :D ! », pour pouvoir répondre « Même pas, j'ai rien bu ! Tiens, regarde ce bracelet : je suis même cap’taine de soirée, ce soir ! ». Faut croire que je suis naturellement bourré. J'aime bien prendre des photos. J'aime bien regarder des photos. Je n'aime pas ne pas prendre le temps de les traiter, et les laisser s'accumuler. J'aime avoir mon lit collé à un mur, pour dormir appuyé dessus. J'aime le sucré-salé, j'aime surtout dire que j'aime le sacré-sulé. J'aime les expériences culinaires improbables et le mélange des saveurs (vous avez déjà goûté une crêpe jambon-nutella-fromage ? Pas mauvais !). J'aime doubler une file de piétons qui fait la queue pour entrer quelque part par la porte ouverte… en passant par la porte d'à côté, fermée (mais pas verrouillée !). Ce n'est pas une porte fermée qui va me retenir, non mais ! N'empêche, les barrières psychologiques, c'est impressionnant… J'aime le brouillard, qui transforme le paysage traditionnel et nous plonge dans l'inconnu, avec cette impression d'être seul au monde, j'aime le bruit des arbres qui s’égouttent sur le tapis de feuilles mortes dans ce silence ouaté. J'aime bien traîner dans les rues, la nuit, surtout à Paris. Arpenter les grandes avenues vides et se croire seul(s), pouvoir faire n'importe quoi, comme dans un film post-apocalyptique où toute la population aurait été zombifiée. J'aime les films post-apocalyptiques, avec ces univers où tout ce qu'on connaît a disparu, où la nature reprend ses droits. Remise à zéro. Et maintenant, on fait quoi ? J'aime le décalé, l'original, le déjanté. J'aime le « Why ? » « No reason ! », j'aime l'absurde. J'aime Rubber. J'aime l'eau, j'aime me dire que c'est parce que je suis verseau. Je n'aime pas l'astrologie. J'aime bien lire mon horoscope (« Qu'est-ce qu'il aurait dû m'arriver, aujourd'hui ? »). Je n'aime pas les religions. J'aime bien l'idée de croire (on croit tous en quelque chose pour avancer, non ?), mais je n'aime pas l'idée qu'on impose une façon de croire. Alors je n'aime pas les religions. Elles prônent l'ouverture d'esprit en imposant un dogme et des pratiques. J'aime la liberté. La liberté de pensée. Cogito, ergo sum. J'aime les idées. Les novatrices, et celles qui font changer de point de vue. J'aime pouvoir observer les choses sous un angle différent. J'aime l'idée d'un ministère de la libre pensée. Je crois que je n'aimerais pas en être ministre, quoi qu'on puisse en penser (et même si les flots râlent). J'aime cacher des messages dans mes textes, sous couvert de jeux de mots et calembours. Je n'aime pas voir l'heure avancer et me dire qu'il faudrait que j'aille me coucher, pour ne pas être en vrac le lendemain. J'aime rester ici à décrire ce que j'aime ou pas. Et j'aimerais aller sur Elevtherya demain, au lieu d'aller travailler…
3. Je ne vais nulle part en particulier, je suis assis sur ma chaise devant mon ordi. Faut avouer que c’est très rare que je me déplace en utilisant un PC. C’est un coup à rencontrer des objets frontalement alors qu’on n’a même pas été présentés. Et l’objet inconnu rencontré frontalement n’est pas des plus amical, généralement il frappe sans sommation. De manière plus générale, je vais par quatre chemins, au hasard et en fonction des envies, j’explore, déambulant sur les routes qui se présentent à moi, sans but particulier. « Je ne sais pas, où je vais ; non ça je ne l’ai jamais bien su ; et si jamais, je le savais, je crois bien que je n’irais plus » (La Rue Ketanou).
4. Présentement, je tapote sur mon clavier, alignant des mots virtuels sur un écran blafard, en une suite cohérente qui donne sens à des idées. C’est assez magique comme processus : une suite de symboles qui forment des mots intelligibles qui forment des phrases intelligibles qui forment des idées intelligibles… Alors que c’est si facile de mélanger les symboles, mettre les mots dans le désordre, faire des phrases confuses et incompréhensibles. N’est-ce pas fantastique que la suite de vocables « Bonjour, je voudrais une baguette pas trop cuite s’il vous plaît ! » est compréhensible, alors qu’une association d’autres mots ne veut absolument rien dire ? Faites l’expérience si vous ne me croyez pas ! Entrez dans une boulangerie et demandez « carotte nage rideau avec tu bleu chaise pamplemousse presque voiture », on risque de vous regarder bizarrement…
5. Ben ça, ça dépend des moments… Et ça dépend tout court aussi, parce que à mon PC il est 16h05, à mon téléphone fixe il est 16h06, et à mon portable il est 16h08. C’est pratique, je peux voyager dans le temps, comme ça. Et puis imaginons qu’on soit en hiver, il serait 15h06 alors qu’une même quantité d’eau aurait traversé la clepsydre depuis l’apogée zénithale du soleil. Et je ne parle que pour ici, parce qu’en Chine ou en Australie, il est plutôt 22h06 ou 00h06. L’heure, c’est très surfait… D’ailleurs je n’ai pas de montre. « Vous avez la montre, moi j’ai le temps », comme dirait l’autre.
· Tu es un des modérateurs de ce forum, qu’est-ce qui t’a décidé à rejoindre ce site et qu’en retires-tu ?
Qu’est-ce qui m’a décidé… JP s’est montré très persuasif ! Alternant menaces de sévices corporels et appât du gain, faisant miroiter gloire et reconnaissance en même temps que violences physique et morale en cas de refus, j’ai fini par céder !
Plus sérieusement, à l’époque je venais d’avoir le premier APN avec lequel je comptais (essayer de) faire de belles photos, et non plus ces clichés classiques de souvenirs de vacances avec un compact absolument pas maîtrisé… Voulant apprendre à contrôler mon 350D fraîchement récupéré, je suis donc tombé au hasard du net sur Pixpo (« Pose partage », à l’époque), avec ses tutos bien faits et son forum accueillant. Quelques centaines de personnes à l’époque, une communauté toute jeune, beaucoup moins d’activité qu’aujourd’hui, c’était alors possible de lire absolument tout le forum, voir tous les fils, toutes les photos, en poster et commenter celles des autres, et alimenter des débats à partir d’une photo. Chose qu’on ne peut plus faire aujourd’hui, tellement le nombre de membres, de participations a explosé.
Tout ça faisait que le site donnait vraiment envie de s’y impliquer : un esprit de camaraderie, on connaissait tout le monde, le forum était agréable à lire et à parcourir, on faisait la chasse aux fautes d’orthographe, un petit coin du net idyllique, en somme. (Bon, sur certains points, ça n’a pas tellement changé, et heureusement !). Alors quand JP a proposé à quelques-uns de participer plus activement à la vie du site, en rédigeant du contenu, on a tous accepté. Quelque part, c’était normal de vouloir aider Pose partage à perdurer et s’améliorer. Au début, on n’étaient que « contributeurs », le statut de modo n’est en fait arrivé qu’un peu plus tard, parce que le site grandissait et que JP ne pouvait plus s’occuper de tout à lui tout seul. Mais c’est donc comme ça que l’équipe s’est constituée : une bande d’internautes qui envisageaient le site d’un même point de vue, avec l’envie de le garder tel qu’il était.
Quant à ce que j’en retire… De l’ambivalence. Très honnêtement, voilà comment je perçois les choses (et ce n’est que mon point de vue qui n’engage personne d’autre) : être modo donne des responsabilités sur le forum, c’est un mélange d’animateur, de gendarme, de bureau des renseignements et des plaintes. Il faut bien connaître le forum, son contenu, son fonctionnement, pour aiguiller les nouveaux. Il faut être au courant de son actualité, de ce qu’il s’y passe. D’où une « obligation » à y traîner ses guêtres. Et pour moi, ça a changé la façon de naviguer : alors qu’avant je venais sur le forum pour partager, discuter, regarder des photos, en poster, aujourd’hui (et ce n’est pas juste le statut de modo, mais aussi en grande partie le nombre de membres actifs et l’activité quotidienne intense), aujourd’hui je survole les topics, je vérifie que tout se passe bien, qu’il n’y a pas un clash quelque part, un bug à remonter, des liens de pub à supprimer, des fils à déplacer, à fermer, à marquer en « résolu », toutes ces petites tâches d’entretien pour que le forum reste convivial. C’est devenu rare que je tombe sur un fil où il n’y a pas déjà des commentaires, alors je ne commente quasiment plus les photos des autres (honte à moi !), et j’en poste moi-même une fois l’an… Je ne fais plus que des posts courts, finie l’époque des meublades !
On essaye de faire vivre le forum, mais on a l’impression que ce sont toujours les mêmes membres qui s’impliquent et qui participent. Si je prends (au hasard) l’exemple des défis mensuels, prendre du temps pour les organiser alors qu’au final il y a très peu de participations et de votants, c’est quelquefois démotivant… Mais il y a toujours quelqu’un pour réclamer un nouveau défi, et finalement c’est pour ça qu’on est là, cette convivialité et ces échanges, alors on continue. Et globalement, je pense qu’on est quand même contents de faire ça, sinon on aurait abandonné. Alors, oui il y a un côté frustrant de ne pas pouvoir tout voir et participer activement comme aux débuts de Pose partage, mais ça fait partie de la vie du site, Pose partage est vivant et évolue, à nous de nous adapter à cette croissance tout en essayant de garder les principes fondateurs du site, sa communauté active et sa convivialité.
Et puis, au jour le jour, ce site, c’est quand même une grosse bande de potes que j’ai plaisir à retrouver, sur le forum ou IRL. Un bien meilleur réseau social que Trombinoscope ou Gazouillis. Et en plus, il y a des conseils pratiques sur la photo, c’est pas génial, ça ?
· Passons au sujet commun à tous. Peux-tu nous expliquer quel a été ton parcours initiatique en photo ? Quel a été le déclic qui t’a donné l’envie de t’y consacrer ?
Le déclic ? Ben, c’est quand on appuie sur le bouton et que le miroir se relève !
Hum… Bon, d’accord, sérieusement…
Le déclic ? Ben c’est cette célèbre BD de Manara ! (Attention, BD érotique, réservée aux personnes majeures et vaccinées). (Enfin, je dis ça, je l’ai pas lue… Mais c’est la seule BD du genre que je connaisse de nom, et apparemment c’est une référence dans le domaine. Faudrait que je la lise, quand même, pour, heu… ma culture personnelle, disons).
Hum… Bon, d’accord, vraiment sérieusement…
Le déclic, ça a surtout été une opportunité : j’ai toujours aimé les belles images, sans vraiment faire davantage que m’extasier devant de jolies photos. Comme pas mal de monde, j’ai fait des photos souvenirs de réunions de famille, de vacances, mais jamais rien de travaillé. Et puis une de mes cousines s’est séparé de son 350D au moment de Noël, avec plusieurs objectifs, l’occasion pour moi de me lancer dans l’apprivoisement d’un gros machin avec plein de boutons partout qu’on sait pas à quoi ils servent, même qu’une ouverture, une focale, des ISO, c’est des mots savants occasionnant de savants maux (de tête), mais c’est bien là qu’est l’intérêt, non, d’apprendre de nouvelles choses ? Bref, le parcours initiatique a été l’opportunité de l’APN, et puis la découverte de Pose partage lors d’une recherche sur le net pour trouver des tutos accessibles au débutant que j’étais. Et c’est à partir de là que j’ai vraiment commencé à prendre des photos, en faisant mes propres réglages et en réfléchissant avant d’appuyer sur le déclencheur.
· Quels sont tes domaines photographiques de prédilection ? Quelles sont tes sources d’inspiration en photo ?
J’aime bien les paysages qui font rêver, les instants saisis sur le vif. Mais je trouve que l’humain ajoute une dimension émotive très forte dans les photos. Alors j’aime beaucoup les photos de portrait, les photos de rue, les photos de nu…
J’adore aussi la valeur ajoutée du capteur par rapport à l’œil humain, et donc montrer sur une photo ce qu’on ne peut pas voir à l’œil nu : poses longues de jour ou de nuit, filés, infrarouge, lightpainting par exemple. Et puis les photos décalées, déjantées, celles qui abordent un autre point de vue, qui sortent des sentiers battus : l’originalité, quoi ! Les images propres et nettes et aseptisées qu’on voit partout, peut-être que les couleurs sont belles et que c’est techniquement parfait, mais on s’en lasse…
Et les meilleures photos, quelle que soit la scène qu’elles montrent, sont celles qui font passer un message ou une émotion, qui font réfléchir, qui provoquent, qui ont une âme. C’est un genre très vaste, on peut en trouver en portraits, paysages, animaux ou que sais-je encore, ça peut être des photos techniquement imparfaites, mais ce n’est pas grave, car elles ont une certaine sensibilité, quelque chose qui retient notre attention et nous fait réagir, d’une façon ou d’une autre.
Et mes sources d’inspiration… Aucune idée ! Une idée qui vient, une pensée à mettre en image, ou un moment, un instant à capturer, quelque chose de fugace ou de plus réfléchi, peu importe. Je suis très mauvais en culture photographique en général, j’aurais du mal à citer des photographes connus, alors je glane plutôt des idées à droite à gauche, le nez en l’air à tout vent au gré des humeurs et des envies et des images croisées sur un livre, une affiche, une expo, sur la petite fenêtre de mon écran ouverte sur ce vaste monde qu’est Internet, au hasard de mon surf de rivage en rivage.
Sinon, je regarde quand même souvent The Big Picture, ce site qui retrace l’actualité en photos, et en général ça fait du bien aux prunelles !
· As-tu, sans t’obliger à dévoiler un secret, des projets en cours ?
Des projets en cours, c’est vite dit… Des idées de projet en cours, plutôt ! Ce que j’aimerais bien faire, c’est illustrer des chansons d’Eiffel (vous connaissez Eiffel ? Un groupe qu’il est bien à entendre par où ça passe !), pour le moment j’ai juste commencé à réfléchir à la mise en scène sur quelques titres, donc autant dire que ça n’en est qu’au tout début… Et je pense que je vais bien souvent manquer d’accessoires et de modèles, je vais devoir demander l’aimable participation des Ahuris, mais du coup ça risque de prendre pas mal de temps.
Sinon j’aimerais bien faire des photos de concert (Eiffel toujours, vous connaissez Eiffel ? Un groupe qu’il est bien à entendre par où ça passe !), ce qui devrait se faire début novembre, si j’arrive à choper l’accréditation comme prévu.
J’avais encore une autre idée, mais toujours pareil, juste à l’état d’idée pour le moment, il faudrait que je fasse un test de post-traitement pour voir si je suis capable d’obtenir le résultat final, et après, il va me falloir plein de modèles… Le point le plus compliqué, je pense, parce que je voudrais tout le monde et n’importe qui : l’idée part de l’Homme de Vitruve. C’est ce dessin bien connu de Léonard de Vinci, représentant un Homme dans deux positions en même temps, et inscrit à la fois dans un cercle et un carré. Le dessin est censé représenter les proportions du corps humain, et le texte qui l’accompagne donne l’idée que les mensurations décrites sont parfaites, idéales : « la Nature a distribué les mesures du corps humain comme ceci. […] La longueur des bras étendus d’un homme est égale à sa hauteur. Depuis la racine des cheveux jusqu’au bas du menton, il y a un dixième de la hauteur d’un homme. Depuis le bas du menton jusqu’au sommet de la tête, un huitième. Depuis le haut de la poitrine jusqu’au sommet de la tête, un sixième ; depuis le haut de la poitrine jusqu’à la racine des cheveux, un septième », etc.
Mais ce n’est pas vrai ! Tout le monde est différent, il n’y a pas de silhouette parfaite ! On peut avoir des grands bras, des grandes jambes, un petit torse, pas de menton ou un grand nez, peu importe ! La nature est aléatoire, il ne faut pas comparer un individu à une référence « parfaite » qui semble être décrite par cet Homme de Vitruve, l’être parfait n’existe pas, ou plutôt il en existe six milliards !
Et pour retranscrire cette pensée, j’avais l’idée de photographier des gens au hasard, de toutes tailles, de toutes corpulences, de toutes origines, hommes et femmes, jeunes, vieux, les photographier, nus, dans la même position que le dessin, et montrer ainsi que ce qui fait la richesse d’une espèce, c’est sa diversité.
Alors ça nécessite un brin de montage en post-traitement, parce que sur le dessin il faut quatre bras et quatre jambes… Mais surtout, il va falloir trouver des modèles, et là j’imagine que ça va être plus compliqué… D’ailleurs, si vous voulez participer et poser pour moi, vous êtes les bienvenu(e)s !
Et enfin, pour le festival Pose partage, j’avais fait une série sur « l’eau dans tous ses états », et je m’étais dit que ce serait sympa de compléter avec les autres éléments, j’avais noté quelques idées, mais c’est déjà plus facile pour l’eau et le feu que pour la terre, et j’avoue que pour l’air je n’ai rien trouvé d’évident… M’enfin, ça, je le vois comme un fil conducteur, des photos à prendre si l’occasion se présente, plutôt que comme un vrai projet sur lequel passer du temps.
À part ça, j’ai un mal de gorge depuis plusieurs jours, donc j’ai le projet de m’en débarrasser. (Mais dis-donc mais c’est vachement intéressant ça dis-donc !)
Ah, et puis, à beaucoup moins court terme, et pour faire coïncider cette envie de photos de scènes qu’on ne voit pas à l’œil nu (enfin, pour le coup, qu’on ne voit pas tous les jours, même si on les verrait à l’œil nu), pour faire coïncider, donc, cette envie avec ce rêve vieux comme les reptiliens ancêtres des poulets, voire même leurs ancêtres unicellulaires, qui est de pouvoir voler, j’ai toujours, stocké dans un coin de ma tête, le projet d’apprendre un jour à piloter une drôle de machine, pour devenir moi-même un fou volant, et m’aérer l’esprit en même temps que le capteur, dans les hautes (strato)sphères partagées par les peuples ailés autant que zélés qui constituent la faune bariolée des acrobates aériens, compagnons des nuages et des fils d’Éole, et ce, probablement, avec un paramoteur, a priori le moins onéreux et le moins spatiophage des ULM. Mais pour le moment, pas le budget et pas la place pour stocker l’engin.
· Pour une séance photo ? Prépares-tu tout à l’avance, ou bien fais-tu de l’improvisation ?
Oh, comme tout le monde je pense : ça dépend (ça dépasse) ! Il y a la photo « balade » où les clichés sont faits en se promenant, sur le moment ; il y a la photo « ballade » où on revient au bon endroit et surtout au bon moment, après la balade, pour avoir la bonne lumière et la bonne ambiance ; et puis il y a les séances préparées à l’avance…
Ça dépend vraiment de la façon d’appréhender la photo, si c’est une partie d’un projet plus vaste, ou si c’est l’envie du moment… et ça fait pas mal de fois que je parle de l’envie du moment, mais c’est vrai qu’il y a un côté très contemplatif quand on fait des photos, ce n’est pas juste appuyer sur le déclencheur, c’est se retrouver seul face à la nature, face à une scène, à s’imprégner du lieu, observer le paysage, parfois plusieurs minutes, pour trouver comment se placer, comment cadrer, on tourne autour de notre sujet, on cherche, et puis on se pose là, on attend la lumière, que le nuage passe, que le soleil descende un peu, ou que la lune arrive, ou que le touriste qui traîne dans le cadre veuille bien s’en aller… Est-ce que c’est de la préparation improvisée ?
Et les séances préparées à l’avance, c’est quand on a une idée précise en tête, ça rentre plus dans le cadre d’un projet, d’une démarche construite. J’ai fait quelques autoportraits, ou quelques photos pour le festival Pose partage, qui étaient préparées : on a une idée en tête, on s’en fait une représentation, et on prépare tout pour que, en shootant, on se rapproche le plus possible de ce qu’on a en tête. Ce qui est valable aussi bien pour du portrait que du paysage, d’ailleurs. Des approches vraiment différentes, en fin de compte.
· Imaginons que l’on te donne un crédit illimité, quel projet, dingue ou plus sage, aimerais-tu réaliser, et avec quel matériel ? Lâche-toi, c’est no-limit.
Un crédit illimité… Je crois que j’en profiterai pour photographier la Lune. Enfin, pas que, mais voilà l’idée : imaginez une mise en perspective, deux séries en parallèle (si si, avec du Thévenin – Norton, c’est faisable… celui qui comprend cette magnifique blague gagne une fraise tagada dédicacée), deux séries en parallèle, l’une de la Lune au départ de la Terre, l’autre de la Terre au départ de la Lune. Je prends une focale fixe, disons 50 mm pour l’exemple, et je commence mon voyage vers la Lune, en la shootant à intervalles réguliers. Au début, ça ne va pas changer grand-chose, mais en se rapprochant d’elle, ça va devenir plus intéressant, vues depuis l’espace, vues aériennes, alunissage, paysages plus rapprochés, gros plans, voire même macro. Je fais un petit tour histoire d’en profiter un peu, quand même, et au passage je bats le record de saut en hauteur. Et puis je retourne sur Terre, et comme à l’aller, je shoote à intervalles réguliers. Mais cette fois, je shoote la Terre, toujours plus proche, en finissant par de la macro comme pour la Lune, et éventuellement en continuant sous le niveau de la mer. Et après, je fais une grande fresque, avec les photos côte à côte de la Terre et de la Lune, à chaque étape du voyage.
Et tant que je suis là-haut, je m’offre (au moins) un tour du monde, quand même. Une ou deux révolutions et on rentre. Et pareil pour la Lune, je verrais bien ce qu’il y a côté face cachée.
Avec quel matériel, je ne sais pas encore, je compare les offres de l’ESA et de la NASA ! Mais niveau photo, j’ai jamais testé d’Hasselblad, ce serait l’occasion… M’enfin ce serait juste histoire de s’amuser quelques jours, je ne pense pas que je me servirais longtemps d’une bête qui est capable de faire tout toute seule, y compris le café. Toute façon, moi, je bois pas de café.
· Quelle serait, pour toi, la photo ultime ?
Celle qui arriverait à mettre tout le monde d’accord. La photo qui, quelle que soit la culture, l’âge, l’expérience, la religion, les préceptes, les antécédents, l’origine… clouerait sur place, béate d’émotion, toute personne qui la verrait, la laissant pour un moment figée, un sourire aux lèvres, les yeux brillants et humides, perdue dans la contemplation de cette vision qui présenterait un instant de telle pure beauté universelle, qu’il serait impossible de passer devant sans s’arrêter pour y plonger et s’y perdre.
Mais je ne sais pas ce qu’on y verrait.
· Pour rebondir sur le débat lancé par Babe sur la passion « personnelle » de la photo (cf : http://www.posepartage.fr/forum/le-troquet-des-Pose partageens/retour-de-vacances-et-ces-proches-qui-voudrait-vous-empecher-de-photographier-grrr,fil-29493.html), comment réagit ton entourage à ta passion ?
Mon entourage… n’est pas tellement impacté par le fait que je fasse des photos ! Je suis célibataire, j’habite seul, personne ne subit donc ça au quotidien ! Et je pense que c’est une activité qui devient pesante pour les proches sur du long terme : on est davantage permissif sur des activités à courte durée, ou à fréquence faible, que face à des passions qui occupent toutes les soirées et les week-ends, et ce de telle manière que ça nous coupe des proches. Donc les gens que je côtoie n’ont pas le temps de s’énerver. Enfin, voilà, je fais de la photo comme je veux, pour le moment ça ne dérange personne, et personne ne me dérange, de là à dire que mon entourage ne réagit pas… je vous laisse juges !
· Tu es l’un, si ce n’est le plus « rapide » à poster tes photos :D. Comment s’organise le développement de tes clichés ? Tu as un truc forcément.
Bien sûr que j’ai un truc ! Mais est-ce que je vais bien vouloir révéler le secret ?
Bon, c’est simple, en fait : une bonne photo, c’est comme un bon vin, il faut la faire mûrir de longues années avant de pouvoir la déguster !
Je plaisante, mais seulement à moitié… Ce que je préfère, c’est avoir l’œil dans le viseur, prêt à shooter, voir tous les éléments s’organiser pour faire une belle scène, la composition, la lumière, les réglages, tout s’aligne pour que s’enregistre une image en une fraction de seconde, c’est magique !
Par contre, le développement, je le perçois plus comme du travail que du plaisir, même si, une fois que je commence, je n’arrête plus… Mais il me faut davantage de motivation pour m’y mettre. Ajoutez à ça le fait que j’aime bien laisser passer au moins quelques jours entre la prise de vue et le développement, parce qu’ainsi je redécouvre les photos en les visionnant, et je pense être plus objectif sur mon tri que juste après la séance, hé bien, oui, le processus peut être long… Suffit qu’en plus, entretemps, je refasse d’autres photos, forcément je commence par les plus récentes, et les plus anciennes passent à la trappe… Je crois qu’à force, je vais devoir me prendre une année sabbatique pour rattraper tout le retard que j’ai sur le développement !
Pour le côté technique, je shoote en RAW, je développe sous Lightroom pour les réglages « basiques » de contrastes, luminosité, colorimétrie, etc. Les filtres et le pinceau sont très pratiques pour ce genre d’ajustement. Et quand il y a besoin d’un traitement un peu plus poussé, je passe ensuite sous Photoshop, que j’apprends toujours à utiliser, donc je fais surtout des retouches cosmétiques.
Alors, autant Lightroom je commence à m’en sortir convenablement, autant Photoshop, j’avance à coups de tutos, ce qui peut être très long, y compris pour une seule image. Tout ça bout à bout, ça prend du temps, mine de rien ! Faut que je me remette à mes photos de vacances, d’ailleurs, je suis très loin d’avoir fini de tout traiter… Surtout que j’en ai fait plusieurs en bracketing sur des paysages très contrastés, va falloir que je tâtonne un peu sur les logiciels HDR, maintenant…
· Tu as exposé certaines de tes photos lors du festival Pose partage. Comment t’es-tu organisé, et qu’as-tu ressenti lors de la mise en place et une fois tes photos en place ? Comment ont réagi les visiteurs ? Qu’en as-tu tiré ?
Zy-va, comment tu m’accuses ! J’ai rien tiré, moi, j’suis pas un voleur ! Vas-y, tu peux recompter les chaises, hein, il en manque pas une !
Comment je me suis organisé, ben, comme d’hab : à l’arrache ! Quand JP m’a proposé d’exposer des photos, je lui ai répondu « oui, pourquoi pas, mais sous réserve d’avoir une série cohérente ». Parce que mine de rien, depuis que j’avais mon appareil, je n’étais qu’en phase d’apprentissage, sans projet construit, et je shootais tout et n’importe quoi (et parfois n’importe comment) pour me faire la main sur des sujets divers et variés. Mais je n’avais pas de série cohérente à présenter, et je ne voulais pas exposer des photos prises à droite à gauche, qui n’avaient rien de commun entre elles. Alors j’ai commencé un gros travail archéologique, à me plonger dans toutes mes images pour essayer de voir ce qui pouvait bien les lier, parce que je savais très bien que je n’aurais jamais eu le temps de créer une série de photos qui tienne la route exprès pour le festival, le délai était trop court.
Mais le problème des photos prises au hasard des chemins et des occasions, c’est que bien souvent elles n’ont rien en commun… Il fallait trouver l’élément qui pouvait réunir tous ces clichés, et finalement, à force des les regarder, j’ai trouvé la réponse : l’eau. La Terre ne s’appelle pas la Planète Bleue pour rien, il y a de l’eau partout ! Avec cette révélation, la série a pu commencer à prendre forme. J’ai dû faire une sélection de photos à tirer, mais, forcément, avec le thème de l’eau en tête, d’autres idées me sont venues, avec de l’eau sous des formes que je n’avais pas encore. Alors je ne me suis pas contenté de piocher dans les photos en réserve, je me suis mis au boulot. Au final, je n’ai retenu que trois photos parmi celles que je voulais faire exprès pour l’occasion, mais ça m’a pris pas mal de temps pour obtenir ces clichés, parce que, forcément (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?), c’étaient des techniques que je n’avais jamais expérimentées.
Bref, une fois mes photos faites, elles ont intégré la première sélection, soit… plusieurs centaines de photos avec de l’eau. Et là, c’est peut-être la partie la plus difficile : il a fallu faire des coupes franches et nettes, pour réussir à n’obtenir qu’une quinzaine de clichés maximum à exposer. J’ai même réussi à n’en sélectionner que quatorze… Bon, au début, ça va, on taille dans le gras, on vire tout ce qui est moche, raté, qui ne va pas avec le reste. Mais plus la sélection se réduit, plus ça devient difficile. Je suis sûr que vous savez de quoi je parle : à chaque fois qu’on revient d’un shooting, on vide la carte mémoire, on sait qu’on ne gardera pas tout… mais qu’est-ce qu’on en a envie !
Sélection drastique, donc, mais nécessaire. Un peu de post-traitement vite fait (ou pas…), et voilà l’inconnue suivante : le tirage. Jamais fait de grands tirages, je ne sais pas où les faire développer, en quel format, je n’ai aucune idée de la qualité que je vais obtenir, j’ai un mélange de vieilles images prises avec mon 350D, d’autres plus récentes prises avec le 5D tout neuf, je ne sais pas si on verra une différence de qualité, mon écran n’est pas mauvais mais il n’est pas calibré, je ne sais pas si les tirages seront conformes à ce que j’ai sous les yeux, et si c’est trop sombre, trop clair, avec des couleurs fades, je fais quoi ? , à deux semaines de l’expo je n’aurais pas le temps de refaire des tirages si jamais il y a un problème… De toute façon, pas le choix, il faut y aller. Je fais développer chez MyPix, JP me disant qu’ils sont bien (et moi constatant qu’ils ne sont pas les plus chers, parce que mine de rien c’est un budget, cette expo !).
Étape suivante, en attendant de recevoir les tirages : la cohérence. Parce qu’à première vue, les photos sélectionnées n’ont rien à voir entre elles. Il faut donc un titre à l’expo, un titre pour chaque photo, et puis aussi un texte pour chaque photo… Parce que l’écriture et la photo, c’est comme pour la musique : on peut avoir un morceau instrumental, ou a capella, ou mélanger texte et instruments, les deux peuvent exister séparément, mais si on les met ensemble, ça fonctionne encore.
La photo, c’est pareil : elle exprime un sentiment, elle a une raison d’être : si, en tant que photographe, on a choisi de prendre une scène et pas une autre, c’est parce qu’elle nous plaisait, d’une façon ou d’une autre. Cette photo, elle signifie quelque chose pour nous. Mais ce n’est pas forcément évident pour quelqu’un d’extérieur d’appréhender notre état d’esprit du moment, juste en regardant le résultat accroché au mur. Tout le monde est sensible à des choses différentes. J’envisage alors le texte comme un moyen de réunir le photographe et le visiteur, de les faire tendre vers le même état d’esprit, de les faire communier. Le texte ne doit donc pas être descriptif, il serait redondant avec la photo, mais il doit aligner les mots de façon à faire passer un sentiment, celui qui, du point de vue du photographe, se dégage de l’image. Pourquoi j’ai choisi de présenter une banale photo de goutte posée sur une feuille ? C’est classique, ça n’a rien d’exceptionnel, on en a vu des centaines… Mais l’eau, c’est la vie ; la plante, c’est l’oxygène ; l’eau, c’est la nourriture de la plante. Ça forme un tout, un cycle, une coopération. Et le texte me permet de partager mon point de vue, pour essayer de faire comprendre au visiteur que ce n’est pas juste une goutte posée sur une feuille, mais c’est un maillon de la chaîne, c’est un élément d’une réflexion plus globale.
Alors il y a eu cette étape d’écriture, pour légender les photos. Un processus assez long aussi, il faut trouver le mot juste, la musicalité, la rythmique, les sonorités. Et jouer avec le graphisme, aussi : pour la banquise, j’ai fait un texte qui fond, je pense que c’est assez visible ; et pour le « Randonneur aquatique », j’ai fait des vagues (si si, je pense que c’est moins flagrant, mais je vous assure !).
Et entretemps, les photos étaient développées, envoyées… et reçues. Étape suivante, donc : les cadres. Une photo en main, faire les magasins pour trouver les cadres qui vont bien, et si possible pas cher, quatorze photos à 3€ le sous-verre de base, pour servir juste une fois à une expo… Je préfère limiter les frais. Je me retrouve donc à devoir trouver quatorze cadres identiques, hé bien c’est pas évident… D’abord du repérage pour voir ce qui existe, et à quel prix. Ensuite se rendre compte qu’il n’y a qu’un sous-verre tout bête en assez grande quantité, mais au moins comme ça le budget est en meilleure forme. Donc magasin A, ok il y en sept. Magasin B, il y a l’équivalent, mais de la marque B. Pas grave. Je prends donc tout le stock du magasin B, et je retourne au A prendre tout aussi. Je rentre chez moi, je commence à mettre les photos sous verre. Marque A, ok, pas de problème. J’ouvre le cadre, je retourne la feuille pour avoir un beau fond tout blanc, je mets la photo, je referme, tout baigne. Marque B, j’ouvre le cadre, je retourne la feuille… pour avoir un beau fond tout blanc avec plein d’informations de service consommateur dessus… Youpi. Il me faut donc trouver des fonds blancs du bon format, retour dans les magasins, en grand format il n’y a rien… Je finis par prendre des feuilles canson, trop grandes, à découper donc. Le grain n’est pas le même que les autres fonds, on voit la différence… Tant pis pour la cohérence d’ensemble. Je continue, plus que trois cadres, forcément le suivant s’est cassé… Magasin A, il n’y en a plus. Magasin B, il n’y en a plus non plus… C, D ? Magasin E, youhou ! Avec un beau fond tout blanc, en plus. Plus qu’une photo à encadrer, donc. Si je peux vous donner un conseil, si vous faites ça : buvez un coup. Parce que sinon, vous êtes un brin déshydraté, donc vous produisez de la salive, vous finissez par postillonner sur votre photo, et vous voyez avec de grands yeux ahuris la salive dissoudre la photo. Le fond noir se transforme en une infâme bouillie orangée. Ça se voit juste à 3 km. Bon, système D, un coup de feutre noir indélébile, allez, ni vu ni connu, de toute façon personne ne regardera les photos à 2 cm. Heureusement que c’était sur une zone noire, d’autres couleurs ç’aurait pas été possible…
Voilà donc pour l’organisation : comme je disais, à l’arrache ! Et le festival lui-même, en comparaison, c’était donc calme. Mais sentiment très bizarre d’exposer ainsi ses clichés, à côté de photographes connus et reconnus : quelque part on se dit qu’on n’a pas sa place ici, on n’est qu’un petit photographe amateur sans expérience, qui en découvre tous les jours sur la photo, alors que là-bas, pas loin, il y a un gars qui s’appelle Alexandre Deschaumes, par exemple, tout juste revenu de Patagonie avec des paysages magnifiques, et que juste à côté, il y a un stand avec un fond en tissu noir pour cacher les grilles sur lesquelles on accroche les photos, des lampes positionnées au-dessus des cadres, une table avec prospectus à distribuer et livres à vendre, une installation qui fait pro, quoi. Alors, fatalement, on se dit que tous ces grands photographes vont regarder et juger nos photos, et s’ils donnent un avis ce sera par politesse, et s’ils ne disent rien on saura qu’ils n’aiment pas, mais bon, c’est l’jeu ma pauv’ Lucette, alors on sort ses cadres et on les accroche.
Et puis, finalement, il y avait du monde avec qui discuter, les autres exposants et les pixpotes, plein d’expos à regarder, des conférences auxquelles assister, pas le temps de s’ennuyer. Alors je ne suis pas tellement resté à côté de mon coin de mur parsemé de photos, je ne sais même pas ce qu’en ont pensé les visiteurs (enfin, sauf mes parents, mais pas sûr qu’ils soient objectifs), et on m’a rapporté après coup que ça avait plu (forcément, météo du nord ! Ok je sors, mais je finis d’abord !), alors on va dire que je ne vais pas dénigrer ces propos, parce que les compliments ça fait jamais de mal.
Très bonne expérience en fin de compte, tant pour la préparation de l’expo que pour l’expo elle-même, c’est à faire si vous en avez l’occasion ! Et si par hasard vous êtes curieux de voir ce que j’avais exposé, la série est sur le forum : l’eau dans tous ses états.
· Et en dehors de la photo, as-tu d’autres passions ?
Oui.
Bon, d’accord, je développe… (Haha.) (Hum…)
J’aime bien écrire, mais j’écris peu (enfin, peu… Pas souvent, quoi). C’est un peu comme un besoin, de partager des événements, des sentiments, des pensées qui me passent par la tête, alors c’est par périodes, en fonction de ce que je vis. Et c’est aussi quand j’ai le temps, parce qu’une fois lancé, j’y passe plusieurs heures, alors il me faut la disponibilité et la motivation. Mais ça garde un côté libérateur dont je ne pourrais pas me passer.
Sinon, je suis un Ahuri (c’est-à-dire fan d’Eiffel, vous connaissez Eiffel ? Un groupe qu’il est bien à entendre par où ça passe !), depuis la rentrée j’ai rejoint l’équipe qui s’occupe du site officiel, je vais donc bosser un peu là-dessus, essayer de rédiger du contenu, prendre des photos de concert, tenir le stand de t-shirts et autres goodies pendant les concerts, etc.
De manière plus générale, si vous me mettez un instrument dans les mains, je pourrais en tirer des sons, mais je pense que personne ne s’avancerait à qualifier cela de musique (quoique, je saurais peut-être jouer du triangle). Par contre j’ai toujours de la musique avec moi et j’ai un budget concert assez conséquent (surtout avec Eiffel, vous connaissez Eiffel ? Un groupe qu’il est bien à entendre par où ça passe !), ça non plus je ne pourrais pas m’en passer.
Dans le genre qui me manquerait aussi si je devais m’en passer, il y a le sport. Badminton de manière plus ou moins régulière, mais surtout escrime. Où là aussi je m’implique puisque je fais partie du Comité Directeur du club, ça demande aussi un peu de temps en plus des entraînements.
Donc en résumé, on reconnaît mes passions au temps que j’y passe et au degré d’implication que je leur attribue. D’ailleurs, prenant en compte cette définition, ma passion la plus dévorante est en fait dormir. S’enrouler dans une couette et fermer les yeux, partir rêver à d’autres temps, d’autres contrées, refaire les mondes à sa sauce, devenir l’architecte de sa vie le temps d’une nuit, c’est quand même grisant.
· Si tu devais t’installer dans un autre pays. Lequel serait-il ?
Celui où je me sente bien, tout simplement.
Je n’ai pas beaucoup voyagé à l’étranger, alors il y a plein de pays que j’aimerais découvrir, par exemple Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Chili, Pérou, Islande… Mais comment pourrais-je savoir dans lequel j’aimerais m’installer, sans les connaître ? Climat, culture, habitudes de vie, patrimoine, relief, politique sociale, économie, il y a tellement de critères à découvrir avant de savoir si on serait bien quelque part !
Alors si je devais choisir là tout de suite un refuge, à partir des idées préconçues qui voyagent de peuple en peuple et de ménestrel en ménestrel, je dirais que le Canada est un bon candidat.
· Nous voilà à cette question con de fin d’interview, qui je n’en doute pas, va t’inspirer : Est-ce que Jeanne d'Arc avait tout compris lorsqu'elle a frit ?
Mouaha, j’adore !
Malheureusement ses derniers mots ne furent pas des plus explicites, quelque chose entre le nourrisson bégayant ses premiers mots, l’alcoolisé désarticulant ses propos, et le râle crépitant de la côte de bœuf au barbecue. Nous n’avons donc que des suppositions sur cette historique fin, mais, regardons les choses en face : elle entend des voix, s’intronise Pucelle d’Orléans, part bouter les Anglois hors de France, et termine au bûcher. Comment aurait-elle pu avoir le temps de tout comprendre ? Peut-être était-elle imbattable en spiritualité et en stratégie militaire, en harangue et en éclairage public, mais avait-elle compris le principe du spin de l’électron, de la téléportation quantique ou de la poêle à frire ? Faisons fi des quolibets, faisons-lui confiance et supposons que, comme elle le prétend, Dieu lui parlait. Dieu aurait pu lui révéler tous les mystères de l’univers. Mais écouter est une chose, comprendre en est une autre. Avait-elle compris le boson de Higgs, l’architecture réseau intégrant un reverse-proxy, ou comment attraper tous les Pokémons ?
Mais, bon… Beau joueur, je veux bien admettre la possibilité qu’elle ait compris ces quelques exemples pris au hasard parmi le savoir collectif. Il me reste cependant un argument : comment Jeanne d’Arc aurait pu avoir tout compris ? Que signifie ce « tout » ? Le tout comprend tout ce qui est connu de notre espèce, tout ce qui existe, et même au-delà. Absolument tout. Y compris « rien », par conséquent. Donc, Jeanne d’Arc, si elle avait tout compris, aurait, par là-même, compris rien. Paradoxe : comment pourrait-elle tout comprendre si elle n’a rien compris ?
Mais, bon… Admettons que, ayant tout compris, elle a aussi compris le « rien », et que ces deux notions peuvent co-exister de manière disjointe sans provoquer de paradoxe spatio-temporel. Jeanne d’Arc aurait alors vraiment tout compris. De manière absolue. Malheureusement… tout est relatif ! Hé oui, comme nous l’indique ce précepte bien connu, « tout » n’est pas absolu ! Allons encore plus loin : si tout est relatif, alors l'absolu est lui aussi relatif. Ce qui veut dire qu'il n'existe pas vraiment d'absolu puisque, celui-ci étant relatif, on peut le comparer à autre chose qui lui serait supérieur, en proportions ou en implications. De ce fait, l'absolu étant relatif, il en résulte une autodestruction immédiate et irréversible de l'absolu. Mais le relatif n'existe qu'en comparaison de l'absolu, car, comme bon nombre de concepts abstraits, il n'est défini qu'en regard de son contraire. L'absolu n'existant pas, le relatif n'existe pas non plus. Or, tout est relatif. Donc, tout n'existe pas non plus. Et, comme rien est dans tout, alors rien n'existe !
Et si rien n’existe, cela ne peut signifier qu’une chose : la fin du monde connu et inconnu par implosion immédiate et irréversible de l'univers entier. Rassurez-vous, nous sommes encore là… Car, si l'univers est fini, alors sa destruction aura une fin. Mais qu'y aura-t-il ensuite ? Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme… Donc il restera forcément quelque chose résultant de la destruction de l'univers fini. Celui-ci ne sera donc pas, en fin de compte, détruit, ce qui va à l'encontre du postulat de la destruction de l'univers.
Ceci prouve donc que l'univers est infini. Le problème qui se pose maintenant est de savoir si la destruction d'un espace infini peut se produire. En effet, comment détruire quelque chose d'infini ? On a beau commencer par un bout, ou même attaquer par le milieu (où est le milieu de l'infini ?), il y aura toujours au moins un bout de l'infini qui sera hors de porté, puisque toujours à l'infini par rapport à l'observateur que nous sommes.
On ne peut donc raisonnablement pas détruire quelque chose d'infini, à moins que cette destruction soit instantanée en tout point de l'infini. Mais l'instantané est une notion temporelle définie par l'homme, qui traduit une durée très courte, mais qui n'a physiquement aucun sens. Or, tant que l'instantané aura une durée, la destruction d'une infinité de points aura une durée infinie. C’est-à-dire que, même en état de perpétuelle destruction, l’univers existera toujours. L’univers ne peut donc pas être détruit…
Résumons : Jeanne aurait pu avoir tout compris si elle avait compris à la fois le tout et le rien. Mais, en analysant cette hypothèse, nous avons pu démontrer qu’elle n’est plausible que si l’univers s’en trouve détruit. Or, l’univers étant infini, il ne peut pas être détruit. Donc l’hypothèse est invalidée, et Jeanne, bien qu’ayant frit, n’avait pas tout compris.
CQFD.
PS : vous trouverez de l’aspirine dans toutes les bonnes pharmacies.
Hé bien voilà on est arrivé au bout finalement ! Moi je me suis bien amusé à répondre à tout ça, j’espère que ça vous a au moins un peu diverti, et puis si vous voulez réagir sur certains points, ne vous privez pas : que la discussion s’alimente !
5 photos :
Photo 1 : Et la lumière fut
Parce que parmi les autoportraits que j’ai pu faire, celle-ci reste une de celles dont les réactions m’ont le plus surpris : beaucoup de ceux qui l’ont vu n’ont pas remarqué (ou au bout d’un moment, en scrutant vraiment) que la lampe n’était pas branchée… Alors qu’a priori le fil est bien visible !
Photo 2 : Zombie
Parce que la Zombie Walk, c’est bientôt ;) !
Photo 3 : Des masqués !
Parce que le forum, c’est aussi les sorties, comme au carnaval d’Annecy.
Photo 4 : Îlot de lumière
Parce que ça fait partie des moments où tout s’aligne pour correspondre à la scène que vous vouliez prendre.
Photo 5 : Man-hir
Parce que l’on reste parfois de marbre face à la pierre.
Et bien Merci grandement pour ton implication Monsieur Meuble. Je pense que l'on peut te décerner la palme de la plus longue interview du site.
Voilà, la saison 2012-2013 des interviews Pose partage est lancée.
Et c'est donc notre ami Meuble, que je remercie pour sa collaboration, qui ouvre le bal.
Je vous laisse découvrir cet entretien.
· Salut Meuble, alors, comme pour chaque début d’interview, peux-tu te présenter à la communauté ? Qui es-tu ? Où vas-tu ? Que fais-tu ? Quelle heure est-il ?
Bonjour bonjour ! C’est gentil d’avoir pensé à moi (quel honneur !), mais c’est risqué, non ? Vous connaissez (ou pas encore ?) ma propension à m’épancher en longues phrases remplies de mots parfois inutiles pour la compréhension globale, mais qui, j’espère, ajoutent de la saveur au texte, telles les épices négligemment saupoudrées sur le plat principal d’un gargantuesque festin, le sortant ainsi de sa terne léthargie de nourriture insipide pour l’élever au rang de plaisir gustatif, faisant ravaler au dictionnaire le verbe « manger » pour mettre en exergue un « régaler », un « déguster », un « savourer », ravivant de couleurs les papilles ensommeillées, et changeant de la même façon une ineffable logorrhée en sublime faconde !
Bref, ça risque d’être long, alors bon courage ! (En même temps, pas ma faute, on m’a dit « lâche-toi ! »).
Alors ça y est, ça commence, première question et c’est déjà la foire, cinq questions en une ! Mais c’est à ne plus s’y retrouver ! Soyons méthodique, procédons par ordre :
1. Oui, je peux.
2. Qui suis-je… Vaste question. Ou plutôt courte question sur un vaste sujet, qui implique une vaste réponse, car je ne saurais me définir précisément de manière concise. D’ailleurs je ne saurais certainement pas me définir précisément tout court, car je ne pense pas qu’il y ait une réponse absolue à cette question : qui suis-je physiquement, humainement, philosophiquement ? Comment me perçois-je, comment les autres me perçoivent, comment crois-je que les autres me perçoivent ? Autant de composantes de réponse qui font partie du puzzle, un puzzle au nombre de pièces indéterminé, et sans l’image de référence pour nous aider à le construire… Je suis une boule à facettes géante, il faut regarder en face chaque morceau pour pleinement l’appréhender, mais il est impossible de voir l’ensemble en un seul coup d’œil, il faut tourner autour pour essayer de construire une vision complète. Et si on m'éclaire, je réfléchis (mais pas aussi bien qu'un miroir, quand même). Alors je ne sais pas qui je suis… mais je peux essayer de me décrire, avec mes habitudes et mes lubies. Je suis un être humain. Déjà, c'est pas mal, non ? Faut avouer que si j'avais été un oursin, ç'aurait été plus difficile pour faire des photos. Vous allez assez vite vous en rendre compte : j’aime bien écrire. Plutôt prolixe, j’aime imaginer mes rêves, rêver ma vie, et vivre mon imagination. Alors quand on me demande qui je suis… Ce n’est pas pour rien que le terme « meublade » a été inventé ! Je suis discret, mais présent. Toujours là pour les potes. Surtout s'il y a des conneries à faire ou à dire. Faut bien que quelqu'un se sacrifie pour avoir l'air ridicule. Moi, ça me dérange pas. Se donner en spectacle, c'est offrir au monde une anecdote à raconter le soir à la maison. « Tiens, aujourd'hui, j'ai vu un mec traverser la rue en marchant seulement sur les bandes blanches des passages piétons ! Un vrai gamin ! Enfin, il devait avoir une trentaine d’années, quand même ! ». Oui, je fais ça. J'aime bien marcher sur les murets, aussi. Et slalomer entre les poteaux. Et faire des tours de manège. En courant. Autour du manège. Dans le sens contraire, bien sûr (on a l'impression d'aller plus vite, c'est beaucoup mieux. Si si, je vous assure : essayez, vous verrez). Je squatte les jeux pour enfants, aussi, de temps en temps, mais c'est rare parce qu'en général c'est interdit. Alors c'est le soir quand il n’y a plus personne. J'avoue que je rêve de jeux pour enfants à taille adulte. Ça manque, non ?
Je fais parfois la vaisselle torse nu. Ça évite de salir le haut à cause d'éclaboussures. Et quand je lave le sol, j'enlève le bas. Mais c'est d'ordre purement pratique, hein, rien à voir avec les fiches de poste du Sofitel. Quoique, si c'est demandé gentiment…
J'ai un super téléphone fixe ! Un vieux. Avec fil. Qui marche sans électricité. Oui, si vieux que ça. C'en est un à cadran. Vous savez, où il faut aller chercher le bon numéro, tourner le cadran, attendre trois plombes qu'il revienne en position, recommencer, … Bon, malheureusement, je peux pas appeler avec : il est branché sur ma box internet, et comme c'est pas un téléphone à impulsions, ça ne passe pas. Mais avec les appels entrant, ça marche nickel ! En plus, la sonnerie est magnifique… À moins de regarder des vieux films de temps en temps, ça m'étonnerait que vous ayez entendu ça récemment ! Appelez-moi, tiens, je vous le ferai écouter. (Pensez aux boules Quiès© quand même).
Mmh… what else ? Je bois pas de café, si vous espérez en boire chez moi, amenez le vôtre ! Par contre, j'ai du thé. Sinon, j'ai un sac à dos avec un capteur solaire dessus. J'ai un t-shirt « Pose partage », aussi. Ça a l'air de rien, comme ça, mais c'est collector. J'ai un costume de Vador, aussi. Si quelqu'une a un costume de Leïa slave, je suis ouvert à toute proposition indécente et incestueuse.
Bon, sinon, côté caractère, j’aime m'éclater, profiter de la vie, discuter, échanger, j’ai des envies de faire le tour du monde sur un coup de tête, d'improviser des soirées à finir en nuits blanches à se rouler dans l'herbe sous les étoiles, nager en plein délire, des lyres à la main et des palmes aux pieds, s'envoler sans filet vers la lune, et filer une étoile jusqu'à en avoir plein les yeux ! Bref, profiter des petits bonheurs de la vie… Mais j’ai aussi tendance à me laisser porter, à prendre un chemin au hasard et voir où ça mène. Du coup, un petit côté je-m'en-foutiste, aussi, forcément, ça va avec. Mais d'un autre point de vue, je suis conciliant : puisque je m'en fous, pas de raison d'être contre quoi que ce soit ! Un petit côté solitaire parfois, à partir me balader tout seul à explorer de-ci de-là, associé à un petit côté contemplatif : je suis capable de rester posé devant un joli paysage sous le soleil à regarder les nuages passer ou scruter les étoiles dans le vent du soir, sans rien faire d'autre qu'écouter la nature environnante, en profitant du moment où il n'y a besoin ni de parler ni de s'agiter, juste de respirer. Mais aussi un côté sociable parce que se morfondre trop longtemps tout seul dans son coin, au bout d'un moment c'est pesant. Alors juste voir des potes sans avoir rien d'autre de précis en tête que discuter, c'est bien aussi. Un brin taquin aussi, des blagues débiles, un 2nd degré voire un 3è ou plus, si j'ai l'air d'être blasé ou de dénigrer, en fait c'est juste une envie de provoquer, de titiller. cf. le côté taquin.
J'aime bien les kiwis, à poils et à plumes. D'ailleurs, j'ai en peluche des kiwis à plumes. Avec des poils, du coup. Et j'ai aussi un nounours d'1, 20m. Il s'appelle Teddy. Je crois que c'est ma peluche qui a le nom le moins original. Pour le coup, c'est atypique. À bien y réfléchir, je pense qu'en fait c'est lui qui a le nom le plus original, étant donné la norme établie par le plus grand nombre. Même si « la vérité n'est pas du côté du plus grand nombre effectivement parce qu'on ne veut pas qu'elle y soit. Le jour où le plus grand nombre sera à même, par sa culture, et ses connaissances, de choisir lui-même sa vérité, il y a peu de chances pour qu'il se trompe ». Bref, il est vachement sympa, Teddy. Passez, à l'occasion, je vous le présenterai !
Rien à voir, mais j'aime bien les tomates cerises. J'en bouffe comme un gamin abonné au dentiste gobe des sucreries. J'aime tomber sur la chanson que j'ai envie d'écouter, parmi la lecture aléatoire des 995 titres de ma playlist. J'aime faire une playlist de quasiment un millier de titres, mais je n'aime pas que les journées ne fassent que 24h : il me faudrait 66h20 pour écouter ma playlist en entier. J'aime les draps en satin, qui brillent et qui glissent sur la peau, on peut jouer aux pingouins dedans. J'aime pas écrire « pingouin », j'hésite toujours avec l'anglais penguin, ça finit par donner un concept hybride, du style « pengouin » ou « pinguin ». En plus, « penguin », ça veut même pas dire « pingouin »…
J'aime boire de l'eau quand j'ai vraiment soif. C'est tellement bon, l'eau, dans ces moments-là ! Je peux en boire un demi-litre cul-sec. Même si je suis en train de me baigner, avec de l'eau jusqu'au cou. J'aime avoir du vent dans les cheveux, me balader sous l'orage en été, et rester près du feu en hiver. Je n'aime pas que les gens que je croise baissent la tête ou regardent ailleurs, quand moi je les regarde, pour leur dire bonjour quand je croise leur regard. J'aime mettre de la musique à fond quand je fais le ménage. Je n'aime pas faire le ménage. Alors je mets parfois la musique à fond. J'aime m'éclairer à la bougie. J'aime bien les formes tarabiscotées que prend la cire en fondant. J'aime les plantes vertes. Je ne pense pas souvent à les arroser. Je n'aime pas oublier de les arroser, elles finissent comme de la salade cuite. J'aime bien la salade cuite. Je n'aime pas le poisson. Ni les crustacés, coquillages, et autres bestioles aquatiques qu'on essaie de me faire manger. Rien de personnel, c'est juste psychologique. Les poissons, c'est le mal. J'aime me réveiller en sursaut en me demandant l'heure qu'il est, et m'apercevoir que j'ai encore deux heures d'avance sur le réveil. Je n'aime pas me réveiller après la sonnerie… En fait, si, j'aime bien ! C'est une victoire de l'Homme sur la technologie. Ce n'est pas encore demain que Skynet contrôlera la planète. J'aime citer des répliques de films quand la conversation m'y fait penser. Je n'aime pas quand les gens à côté ne connaissent pas la référence. Ça jette un blanc. Mais j'aime bien partager ce que j'aime bien. J'aime quand on répond sérieusement à mes conneries. Surtout quand c'est gros. Plus c'est gros plus ça passe. D'ailleurs, les bras, ça repoussent. Si si. Et les lapins volent avec leurs oreilles, comme des hélicoptères. J'aime bien dire « scute », et, quand on me demande ce que je fais, répondre que je dis « scute ». J'aime aussi dire « stribu » quand on joue aux cartes et que quelqu'un distribue. Ou crier « mination » à bon escient (pas de discrimination). J'aime surtout quand, dans la même phrase, on parle de Dick Rivers et de discrimination. J'aime cacher des œufs de pâques dans toute la maison, et en retrouver encore six mois plus tard. Je n'aime pas les fautes d'orthographes ou de grammaire. Ou même de typographie. Je suis tolérant, mais faut pas pousser. J'aime bien procrastiner. Pourquoi remettre à demain ce qu'on peut faire après-demain ? J'aime bien utiliser des néologismes ou des barbarismes. C'est bien pratique, et parfois poétique. J’aime bien le xyloglotte. C’est une langue très classe, mine de rien. Traiter quelqu’un de diptérosodomite, par exemple, ça pourrait se faire très dignement, avec redingote et haut de forme. Je n'aime pas aller dormir, le soir, parce que c'est être raisonnable, parce qu'on bosse le lendemain. Je n'aime pas être raisonnable. Je n'aime pas les soirées qui se terminent, les gens qui s'en vont, alors qu'on était bien, là, posés en tas dans le salon, à raconter des conneries. J'aime bien faire des nuits blanches, voir le soleil se lever, hésiter à aller se coucher, et finalement rester réveillé. Si on va dormir, on sera décalé, il ne faut pas… J'aime bien ce moment, après une nuit blanche, où on a l'impression de se réveiller, et d'être en forme, comme si l'horloge biologique fonctionnait encore. J'aime bien être fatigué, ça fait planer le cerveau dans une brume de flou poétique et endorphinique. J'aime bien qu'on m'interpelle à une soirée « Wahou, t'es complètement bourré, toi :D ! », pour pouvoir répondre « Même pas, j'ai rien bu ! Tiens, regarde ce bracelet : je suis même cap’taine de soirée, ce soir ! ». Faut croire que je suis naturellement bourré. J'aime bien prendre des photos. J'aime bien regarder des photos. Je n'aime pas ne pas prendre le temps de les traiter, et les laisser s'accumuler. J'aime avoir mon lit collé à un mur, pour dormir appuyé dessus. J'aime le sucré-salé, j'aime surtout dire que j'aime le sacré-sulé. J'aime les expériences culinaires improbables et le mélange des saveurs (vous avez déjà goûté une crêpe jambon-nutella-fromage ? Pas mauvais !). J'aime doubler une file de piétons qui fait la queue pour entrer quelque part par la porte ouverte… en passant par la porte d'à côté, fermée (mais pas verrouillée !). Ce n'est pas une porte fermée qui va me retenir, non mais ! N'empêche, les barrières psychologiques, c'est impressionnant… J'aime le brouillard, qui transforme le paysage traditionnel et nous plonge dans l'inconnu, avec cette impression d'être seul au monde, j'aime le bruit des arbres qui s’égouttent sur le tapis de feuilles mortes dans ce silence ouaté. J'aime bien traîner dans les rues, la nuit, surtout à Paris. Arpenter les grandes avenues vides et se croire seul(s), pouvoir faire n'importe quoi, comme dans un film post-apocalyptique où toute la population aurait été zombifiée. J'aime les films post-apocalyptiques, avec ces univers où tout ce qu'on connaît a disparu, où la nature reprend ses droits. Remise à zéro. Et maintenant, on fait quoi ? J'aime le décalé, l'original, le déjanté. J'aime le « Why ? » « No reason ! », j'aime l'absurde. J'aime Rubber. J'aime l'eau, j'aime me dire que c'est parce que je suis verseau. Je n'aime pas l'astrologie. J'aime bien lire mon horoscope (« Qu'est-ce qu'il aurait dû m'arriver, aujourd'hui ? »). Je n'aime pas les religions. J'aime bien l'idée de croire (on croit tous en quelque chose pour avancer, non ?), mais je n'aime pas l'idée qu'on impose une façon de croire. Alors je n'aime pas les religions. Elles prônent l'ouverture d'esprit en imposant un dogme et des pratiques. J'aime la liberté. La liberté de pensée. Cogito, ergo sum. J'aime les idées. Les novatrices, et celles qui font changer de point de vue. J'aime pouvoir observer les choses sous un angle différent. J'aime l'idée d'un ministère de la libre pensée. Je crois que je n'aimerais pas en être ministre, quoi qu'on puisse en penser (et même si les flots râlent). J'aime cacher des messages dans mes textes, sous couvert de jeux de mots et calembours. Je n'aime pas voir l'heure avancer et me dire qu'il faudrait que j'aille me coucher, pour ne pas être en vrac le lendemain. J'aime rester ici à décrire ce que j'aime ou pas. Et j'aimerais aller sur Elevtherya demain, au lieu d'aller travailler…
3. Je ne vais nulle part en particulier, je suis assis sur ma chaise devant mon ordi. Faut avouer que c’est très rare que je me déplace en utilisant un PC. C’est un coup à rencontrer des objets frontalement alors qu’on n’a même pas été présentés. Et l’objet inconnu rencontré frontalement n’est pas des plus amical, généralement il frappe sans sommation. De manière plus générale, je vais par quatre chemins, au hasard et en fonction des envies, j’explore, déambulant sur les routes qui se présentent à moi, sans but particulier. « Je ne sais pas, où je vais ; non ça je ne l’ai jamais bien su ; et si jamais, je le savais, je crois bien que je n’irais plus » (La Rue Ketanou).
4. Présentement, je tapote sur mon clavier, alignant des mots virtuels sur un écran blafard, en une suite cohérente qui donne sens à des idées. C’est assez magique comme processus : une suite de symboles qui forment des mots intelligibles qui forment des phrases intelligibles qui forment des idées intelligibles… Alors que c’est si facile de mélanger les symboles, mettre les mots dans le désordre, faire des phrases confuses et incompréhensibles. N’est-ce pas fantastique que la suite de vocables « Bonjour, je voudrais une baguette pas trop cuite s’il vous plaît ! » est compréhensible, alors qu’une association d’autres mots ne veut absolument rien dire ? Faites l’expérience si vous ne me croyez pas ! Entrez dans une boulangerie et demandez « carotte nage rideau avec tu bleu chaise pamplemousse presque voiture », on risque de vous regarder bizarrement…
5. Ben ça, ça dépend des moments… Et ça dépend tout court aussi, parce que à mon PC il est 16h05, à mon téléphone fixe il est 16h06, et à mon portable il est 16h08. C’est pratique, je peux voyager dans le temps, comme ça. Et puis imaginons qu’on soit en hiver, il serait 15h06 alors qu’une même quantité d’eau aurait traversé la clepsydre depuis l’apogée zénithale du soleil. Et je ne parle que pour ici, parce qu’en Chine ou en Australie, il est plutôt 22h06 ou 00h06. L’heure, c’est très surfait… D’ailleurs je n’ai pas de montre. « Vous avez la montre, moi j’ai le temps », comme dirait l’autre.
· Tu es un des modérateurs de ce forum, qu’est-ce qui t’a décidé à rejoindre ce site et qu’en retires-tu ?
Qu’est-ce qui m’a décidé… JP s’est montré très persuasif ! Alternant menaces de sévices corporels et appât du gain, faisant miroiter gloire et reconnaissance en même temps que violences physique et morale en cas de refus, j’ai fini par céder !
Plus sérieusement, à l’époque je venais d’avoir le premier APN avec lequel je comptais (essayer de) faire de belles photos, et non plus ces clichés classiques de souvenirs de vacances avec un compact absolument pas maîtrisé… Voulant apprendre à contrôler mon 350D fraîchement récupéré, je suis donc tombé au hasard du net sur Pixpo (« Pose partage », à l’époque), avec ses tutos bien faits et son forum accueillant. Quelques centaines de personnes à l’époque, une communauté toute jeune, beaucoup moins d’activité qu’aujourd’hui, c’était alors possible de lire absolument tout le forum, voir tous les fils, toutes les photos, en poster et commenter celles des autres, et alimenter des débats à partir d’une photo. Chose qu’on ne peut plus faire aujourd’hui, tellement le nombre de membres, de participations a explosé.
Tout ça faisait que le site donnait vraiment envie de s’y impliquer : un esprit de camaraderie, on connaissait tout le monde, le forum était agréable à lire et à parcourir, on faisait la chasse aux fautes d’orthographe, un petit coin du net idyllique, en somme. (Bon, sur certains points, ça n’a pas tellement changé, et heureusement !). Alors quand JP a proposé à quelques-uns de participer plus activement à la vie du site, en rédigeant du contenu, on a tous accepté. Quelque part, c’était normal de vouloir aider Pose partage à perdurer et s’améliorer. Au début, on n’étaient que « contributeurs », le statut de modo n’est en fait arrivé qu’un peu plus tard, parce que le site grandissait et que JP ne pouvait plus s’occuper de tout à lui tout seul. Mais c’est donc comme ça que l’équipe s’est constituée : une bande d’internautes qui envisageaient le site d’un même point de vue, avec l’envie de le garder tel qu’il était.
Quant à ce que j’en retire… De l’ambivalence. Très honnêtement, voilà comment je perçois les choses (et ce n’est que mon point de vue qui n’engage personne d’autre) : être modo donne des responsabilités sur le forum, c’est un mélange d’animateur, de gendarme, de bureau des renseignements et des plaintes. Il faut bien connaître le forum, son contenu, son fonctionnement, pour aiguiller les nouveaux. Il faut être au courant de son actualité, de ce qu’il s’y passe. D’où une « obligation » à y traîner ses guêtres. Et pour moi, ça a changé la façon de naviguer : alors qu’avant je venais sur le forum pour partager, discuter, regarder des photos, en poster, aujourd’hui (et ce n’est pas juste le statut de modo, mais aussi en grande partie le nombre de membres actifs et l’activité quotidienne intense), aujourd’hui je survole les topics, je vérifie que tout se passe bien, qu’il n’y a pas un clash quelque part, un bug à remonter, des liens de pub à supprimer, des fils à déplacer, à fermer, à marquer en « résolu », toutes ces petites tâches d’entretien pour que le forum reste convivial. C’est devenu rare que je tombe sur un fil où il n’y a pas déjà des commentaires, alors je ne commente quasiment plus les photos des autres (honte à moi !), et j’en poste moi-même une fois l’an… Je ne fais plus que des posts courts, finie l’époque des meublades !
On essaye de faire vivre le forum, mais on a l’impression que ce sont toujours les mêmes membres qui s’impliquent et qui participent. Si je prends (au hasard) l’exemple des défis mensuels, prendre du temps pour les organiser alors qu’au final il y a très peu de participations et de votants, c’est quelquefois démotivant… Mais il y a toujours quelqu’un pour réclamer un nouveau défi, et finalement c’est pour ça qu’on est là, cette convivialité et ces échanges, alors on continue. Et globalement, je pense qu’on est quand même contents de faire ça, sinon on aurait abandonné. Alors, oui il y a un côté frustrant de ne pas pouvoir tout voir et participer activement comme aux débuts de Pose partage, mais ça fait partie de la vie du site, Pose partage est vivant et évolue, à nous de nous adapter à cette croissance tout en essayant de garder les principes fondateurs du site, sa communauté active et sa convivialité.
Et puis, au jour le jour, ce site, c’est quand même une grosse bande de potes que j’ai plaisir à retrouver, sur le forum ou IRL. Un bien meilleur réseau social que Trombinoscope ou Gazouillis. Et en plus, il y a des conseils pratiques sur la photo, c’est pas génial, ça ?
· Passons au sujet commun à tous. Peux-tu nous expliquer quel a été ton parcours initiatique en photo ? Quel a été le déclic qui t’a donné l’envie de t’y consacrer ?
Le déclic ? Ben, c’est quand on appuie sur le bouton et que le miroir se relève !
Hum… Bon, d’accord, sérieusement…
Le déclic ? Ben c’est cette célèbre BD de Manara ! (Attention, BD érotique, réservée aux personnes majeures et vaccinées). (Enfin, je dis ça, je l’ai pas lue… Mais c’est la seule BD du genre que je connaisse de nom, et apparemment c’est une référence dans le domaine. Faudrait que je la lise, quand même, pour, heu… ma culture personnelle, disons).
Hum… Bon, d’accord, vraiment sérieusement…
Le déclic, ça a surtout été une opportunité : j’ai toujours aimé les belles images, sans vraiment faire davantage que m’extasier devant de jolies photos. Comme pas mal de monde, j’ai fait des photos souvenirs de réunions de famille, de vacances, mais jamais rien de travaillé. Et puis une de mes cousines s’est séparé de son 350D au moment de Noël, avec plusieurs objectifs, l’occasion pour moi de me lancer dans l’apprivoisement d’un gros machin avec plein de boutons partout qu’on sait pas à quoi ils servent, même qu’une ouverture, une focale, des ISO, c’est des mots savants occasionnant de savants maux (de tête), mais c’est bien là qu’est l’intérêt, non, d’apprendre de nouvelles choses ? Bref, le parcours initiatique a été l’opportunité de l’APN, et puis la découverte de Pose partage lors d’une recherche sur le net pour trouver des tutos accessibles au débutant que j’étais. Et c’est à partir de là que j’ai vraiment commencé à prendre des photos, en faisant mes propres réglages et en réfléchissant avant d’appuyer sur le déclencheur.
· Quels sont tes domaines photographiques de prédilection ? Quelles sont tes sources d’inspiration en photo ?
J’aime bien les paysages qui font rêver, les instants saisis sur le vif. Mais je trouve que l’humain ajoute une dimension émotive très forte dans les photos. Alors j’aime beaucoup les photos de portrait, les photos de rue, les photos de nu…
J’adore aussi la valeur ajoutée du capteur par rapport à l’œil humain, et donc montrer sur une photo ce qu’on ne peut pas voir à l’œil nu : poses longues de jour ou de nuit, filés, infrarouge, lightpainting par exemple. Et puis les photos décalées, déjantées, celles qui abordent un autre point de vue, qui sortent des sentiers battus : l’originalité, quoi ! Les images propres et nettes et aseptisées qu’on voit partout, peut-être que les couleurs sont belles et que c’est techniquement parfait, mais on s’en lasse…
Et les meilleures photos, quelle que soit la scène qu’elles montrent, sont celles qui font passer un message ou une émotion, qui font réfléchir, qui provoquent, qui ont une âme. C’est un genre très vaste, on peut en trouver en portraits, paysages, animaux ou que sais-je encore, ça peut être des photos techniquement imparfaites, mais ce n’est pas grave, car elles ont une certaine sensibilité, quelque chose qui retient notre attention et nous fait réagir, d’une façon ou d’une autre.
Et mes sources d’inspiration… Aucune idée ! Une idée qui vient, une pensée à mettre en image, ou un moment, un instant à capturer, quelque chose de fugace ou de plus réfléchi, peu importe. Je suis très mauvais en culture photographique en général, j’aurais du mal à citer des photographes connus, alors je glane plutôt des idées à droite à gauche, le nez en l’air à tout vent au gré des humeurs et des envies et des images croisées sur un livre, une affiche, une expo, sur la petite fenêtre de mon écran ouverte sur ce vaste monde qu’est Internet, au hasard de mon surf de rivage en rivage.
Sinon, je regarde quand même souvent The Big Picture, ce site qui retrace l’actualité en photos, et en général ça fait du bien aux prunelles !
· As-tu, sans t’obliger à dévoiler un secret, des projets en cours ?
Des projets en cours, c’est vite dit… Des idées de projet en cours, plutôt ! Ce que j’aimerais bien faire, c’est illustrer des chansons d’Eiffel (vous connaissez Eiffel ? Un groupe qu’il est bien à entendre par où ça passe !), pour le moment j’ai juste commencé à réfléchir à la mise en scène sur quelques titres, donc autant dire que ça n’en est qu’au tout début… Et je pense que je vais bien souvent manquer d’accessoires et de modèles, je vais devoir demander l’aimable participation des Ahuris, mais du coup ça risque de prendre pas mal de temps.
Sinon j’aimerais bien faire des photos de concert (Eiffel toujours, vous connaissez Eiffel ? Un groupe qu’il est bien à entendre par où ça passe !), ce qui devrait se faire début novembre, si j’arrive à choper l’accréditation comme prévu.
J’avais encore une autre idée, mais toujours pareil, juste à l’état d’idée pour le moment, il faudrait que je fasse un test de post-traitement pour voir si je suis capable d’obtenir le résultat final, et après, il va me falloir plein de modèles… Le point le plus compliqué, je pense, parce que je voudrais tout le monde et n’importe qui : l’idée part de l’Homme de Vitruve. C’est ce dessin bien connu de Léonard de Vinci, représentant un Homme dans deux positions en même temps, et inscrit à la fois dans un cercle et un carré. Le dessin est censé représenter les proportions du corps humain, et le texte qui l’accompagne donne l’idée que les mensurations décrites sont parfaites, idéales : « la Nature a distribué les mesures du corps humain comme ceci. […] La longueur des bras étendus d’un homme est égale à sa hauteur. Depuis la racine des cheveux jusqu’au bas du menton, il y a un dixième de la hauteur d’un homme. Depuis le bas du menton jusqu’au sommet de la tête, un huitième. Depuis le haut de la poitrine jusqu’au sommet de la tête, un sixième ; depuis le haut de la poitrine jusqu’à la racine des cheveux, un septième », etc.
Mais ce n’est pas vrai ! Tout le monde est différent, il n’y a pas de silhouette parfaite ! On peut avoir des grands bras, des grandes jambes, un petit torse, pas de menton ou un grand nez, peu importe ! La nature est aléatoire, il ne faut pas comparer un individu à une référence « parfaite » qui semble être décrite par cet Homme de Vitruve, l’être parfait n’existe pas, ou plutôt il en existe six milliards !
Et pour retranscrire cette pensée, j’avais l’idée de photographier des gens au hasard, de toutes tailles, de toutes corpulences, de toutes origines, hommes et femmes, jeunes, vieux, les photographier, nus, dans la même position que le dessin, et montrer ainsi que ce qui fait la richesse d’une espèce, c’est sa diversité.
Alors ça nécessite un brin de montage en post-traitement, parce que sur le dessin il faut quatre bras et quatre jambes… Mais surtout, il va falloir trouver des modèles, et là j’imagine que ça va être plus compliqué… D’ailleurs, si vous voulez participer et poser pour moi, vous êtes les bienvenu(e)s !
Et enfin, pour le festival Pose partage, j’avais fait une série sur « l’eau dans tous ses états », et je m’étais dit que ce serait sympa de compléter avec les autres éléments, j’avais noté quelques idées, mais c’est déjà plus facile pour l’eau et le feu que pour la terre, et j’avoue que pour l’air je n’ai rien trouvé d’évident… M’enfin, ça, je le vois comme un fil conducteur, des photos à prendre si l’occasion se présente, plutôt que comme un vrai projet sur lequel passer du temps.
À part ça, j’ai un mal de gorge depuis plusieurs jours, donc j’ai le projet de m’en débarrasser. (Mais dis-donc mais c’est vachement intéressant ça dis-donc !)
Ah, et puis, à beaucoup moins court terme, et pour faire coïncider cette envie de photos de scènes qu’on ne voit pas à l’œil nu (enfin, pour le coup, qu’on ne voit pas tous les jours, même si on les verrait à l’œil nu), pour faire coïncider, donc, cette envie avec ce rêve vieux comme les reptiliens ancêtres des poulets, voire même leurs ancêtres unicellulaires, qui est de pouvoir voler, j’ai toujours, stocké dans un coin de ma tête, le projet d’apprendre un jour à piloter une drôle de machine, pour devenir moi-même un fou volant, et m’aérer l’esprit en même temps que le capteur, dans les hautes (strato)sphères partagées par les peuples ailés autant que zélés qui constituent la faune bariolée des acrobates aériens, compagnons des nuages et des fils d’Éole, et ce, probablement, avec un paramoteur, a priori le moins onéreux et le moins spatiophage des ULM. Mais pour le moment, pas le budget et pas la place pour stocker l’engin.
· Pour une séance photo ? Prépares-tu tout à l’avance, ou bien fais-tu de l’improvisation ?
Oh, comme tout le monde je pense : ça dépend (ça dépasse) ! Il y a la photo « balade » où les clichés sont faits en se promenant, sur le moment ; il y a la photo « ballade » où on revient au bon endroit et surtout au bon moment, après la balade, pour avoir la bonne lumière et la bonne ambiance ; et puis il y a les séances préparées à l’avance…
Ça dépend vraiment de la façon d’appréhender la photo, si c’est une partie d’un projet plus vaste, ou si c’est l’envie du moment… et ça fait pas mal de fois que je parle de l’envie du moment, mais c’est vrai qu’il y a un côté très contemplatif quand on fait des photos, ce n’est pas juste appuyer sur le déclencheur, c’est se retrouver seul face à la nature, face à une scène, à s’imprégner du lieu, observer le paysage, parfois plusieurs minutes, pour trouver comment se placer, comment cadrer, on tourne autour de notre sujet, on cherche, et puis on se pose là, on attend la lumière, que le nuage passe, que le soleil descende un peu, ou que la lune arrive, ou que le touriste qui traîne dans le cadre veuille bien s’en aller… Est-ce que c’est de la préparation improvisée ?
Et les séances préparées à l’avance, c’est quand on a une idée précise en tête, ça rentre plus dans le cadre d’un projet, d’une démarche construite. J’ai fait quelques autoportraits, ou quelques photos pour le festival Pose partage, qui étaient préparées : on a une idée en tête, on s’en fait une représentation, et on prépare tout pour que, en shootant, on se rapproche le plus possible de ce qu’on a en tête. Ce qui est valable aussi bien pour du portrait que du paysage, d’ailleurs. Des approches vraiment différentes, en fin de compte.
· Imaginons que l’on te donne un crédit illimité, quel projet, dingue ou plus sage, aimerais-tu réaliser, et avec quel matériel ? Lâche-toi, c’est no-limit.
Un crédit illimité… Je crois que j’en profiterai pour photographier la Lune. Enfin, pas que, mais voilà l’idée : imaginez une mise en perspective, deux séries en parallèle (si si, avec du Thévenin – Norton, c’est faisable… celui qui comprend cette magnifique blague gagne une fraise tagada dédicacée), deux séries en parallèle, l’une de la Lune au départ de la Terre, l’autre de la Terre au départ de la Lune. Je prends une focale fixe, disons 50 mm pour l’exemple, et je commence mon voyage vers la Lune, en la shootant à intervalles réguliers. Au début, ça ne va pas changer grand-chose, mais en se rapprochant d’elle, ça va devenir plus intéressant, vues depuis l’espace, vues aériennes, alunissage, paysages plus rapprochés, gros plans, voire même macro. Je fais un petit tour histoire d’en profiter un peu, quand même, et au passage je bats le record de saut en hauteur. Et puis je retourne sur Terre, et comme à l’aller, je shoote à intervalles réguliers. Mais cette fois, je shoote la Terre, toujours plus proche, en finissant par de la macro comme pour la Lune, et éventuellement en continuant sous le niveau de la mer. Et après, je fais une grande fresque, avec les photos côte à côte de la Terre et de la Lune, à chaque étape du voyage.
Et tant que je suis là-haut, je m’offre (au moins) un tour du monde, quand même. Une ou deux révolutions et on rentre. Et pareil pour la Lune, je verrais bien ce qu’il y a côté face cachée.
Avec quel matériel, je ne sais pas encore, je compare les offres de l’ESA et de la NASA ! Mais niveau photo, j’ai jamais testé d’Hasselblad, ce serait l’occasion… M’enfin ce serait juste histoire de s’amuser quelques jours, je ne pense pas que je me servirais longtemps d’une bête qui est capable de faire tout toute seule, y compris le café. Toute façon, moi, je bois pas de café.
· Quelle serait, pour toi, la photo ultime ?
Celle qui arriverait à mettre tout le monde d’accord. La photo qui, quelle que soit la culture, l’âge, l’expérience, la religion, les préceptes, les antécédents, l’origine… clouerait sur place, béate d’émotion, toute personne qui la verrait, la laissant pour un moment figée, un sourire aux lèvres, les yeux brillants et humides, perdue dans la contemplation de cette vision qui présenterait un instant de telle pure beauté universelle, qu’il serait impossible de passer devant sans s’arrêter pour y plonger et s’y perdre.
Mais je ne sais pas ce qu’on y verrait.
· Pour rebondir sur le débat lancé par Babe sur la passion « personnelle » de la photo (cf : http://www.posepartage.fr/forum/le-troquet-des-Pose partageens/retour-de-vacances-et-ces-proches-qui-voudrait-vous-empecher-de-photographier-grrr,fil-29493.html), comment réagit ton entourage à ta passion ?
Mon entourage… n’est pas tellement impacté par le fait que je fasse des photos ! Je suis célibataire, j’habite seul, personne ne subit donc ça au quotidien ! Et je pense que c’est une activité qui devient pesante pour les proches sur du long terme : on est davantage permissif sur des activités à courte durée, ou à fréquence faible, que face à des passions qui occupent toutes les soirées et les week-ends, et ce de telle manière que ça nous coupe des proches. Donc les gens que je côtoie n’ont pas le temps de s’énerver. Enfin, voilà, je fais de la photo comme je veux, pour le moment ça ne dérange personne, et personne ne me dérange, de là à dire que mon entourage ne réagit pas… je vous laisse juges !
· Tu es l’un, si ce n’est le plus « rapide » à poster tes photos :D. Comment s’organise le développement de tes clichés ? Tu as un truc forcément.
Bien sûr que j’ai un truc ! Mais est-ce que je vais bien vouloir révéler le secret ?
Bon, c’est simple, en fait : une bonne photo, c’est comme un bon vin, il faut la faire mûrir de longues années avant de pouvoir la déguster !
Je plaisante, mais seulement à moitié… Ce que je préfère, c’est avoir l’œil dans le viseur, prêt à shooter, voir tous les éléments s’organiser pour faire une belle scène, la composition, la lumière, les réglages, tout s’aligne pour que s’enregistre une image en une fraction de seconde, c’est magique !
Par contre, le développement, je le perçois plus comme du travail que du plaisir, même si, une fois que je commence, je n’arrête plus… Mais il me faut davantage de motivation pour m’y mettre. Ajoutez à ça le fait que j’aime bien laisser passer au moins quelques jours entre la prise de vue et le développement, parce qu’ainsi je redécouvre les photos en les visionnant, et je pense être plus objectif sur mon tri que juste après la séance, hé bien, oui, le processus peut être long… Suffit qu’en plus, entretemps, je refasse d’autres photos, forcément je commence par les plus récentes, et les plus anciennes passent à la trappe… Je crois qu’à force, je vais devoir me prendre une année sabbatique pour rattraper tout le retard que j’ai sur le développement !
Pour le côté technique, je shoote en RAW, je développe sous Lightroom pour les réglages « basiques » de contrastes, luminosité, colorimétrie, etc. Les filtres et le pinceau sont très pratiques pour ce genre d’ajustement. Et quand il y a besoin d’un traitement un peu plus poussé, je passe ensuite sous Photoshop, que j’apprends toujours à utiliser, donc je fais surtout des retouches cosmétiques.
Alors, autant Lightroom je commence à m’en sortir convenablement, autant Photoshop, j’avance à coups de tutos, ce qui peut être très long, y compris pour une seule image. Tout ça bout à bout, ça prend du temps, mine de rien ! Faut que je me remette à mes photos de vacances, d’ailleurs, je suis très loin d’avoir fini de tout traiter… Surtout que j’en ai fait plusieurs en bracketing sur des paysages très contrastés, va falloir que je tâtonne un peu sur les logiciels HDR, maintenant…
· Tu as exposé certaines de tes photos lors du festival Pose partage. Comment t’es-tu organisé, et qu’as-tu ressenti lors de la mise en place et une fois tes photos en place ? Comment ont réagi les visiteurs ? Qu’en as-tu tiré ?
Zy-va, comment tu m’accuses ! J’ai rien tiré, moi, j’suis pas un voleur ! Vas-y, tu peux recompter les chaises, hein, il en manque pas une !
Comment je me suis organisé, ben, comme d’hab : à l’arrache ! Quand JP m’a proposé d’exposer des photos, je lui ai répondu « oui, pourquoi pas, mais sous réserve d’avoir une série cohérente ». Parce que mine de rien, depuis que j’avais mon appareil, je n’étais qu’en phase d’apprentissage, sans projet construit, et je shootais tout et n’importe quoi (et parfois n’importe comment) pour me faire la main sur des sujets divers et variés. Mais je n’avais pas de série cohérente à présenter, et je ne voulais pas exposer des photos prises à droite à gauche, qui n’avaient rien de commun entre elles. Alors j’ai commencé un gros travail archéologique, à me plonger dans toutes mes images pour essayer de voir ce qui pouvait bien les lier, parce que je savais très bien que je n’aurais jamais eu le temps de créer une série de photos qui tienne la route exprès pour le festival, le délai était trop court.
Mais le problème des photos prises au hasard des chemins et des occasions, c’est que bien souvent elles n’ont rien en commun… Il fallait trouver l’élément qui pouvait réunir tous ces clichés, et finalement, à force des les regarder, j’ai trouvé la réponse : l’eau. La Terre ne s’appelle pas la Planète Bleue pour rien, il y a de l’eau partout ! Avec cette révélation, la série a pu commencer à prendre forme. J’ai dû faire une sélection de photos à tirer, mais, forcément, avec le thème de l’eau en tête, d’autres idées me sont venues, avec de l’eau sous des formes que je n’avais pas encore. Alors je ne me suis pas contenté de piocher dans les photos en réserve, je me suis mis au boulot. Au final, je n’ai retenu que trois photos parmi celles que je voulais faire exprès pour l’occasion, mais ça m’a pris pas mal de temps pour obtenir ces clichés, parce que, forcément (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?), c’étaient des techniques que je n’avais jamais expérimentées.
Bref, une fois mes photos faites, elles ont intégré la première sélection, soit… plusieurs centaines de photos avec de l’eau. Et là, c’est peut-être la partie la plus difficile : il a fallu faire des coupes franches et nettes, pour réussir à n’obtenir qu’une quinzaine de clichés maximum à exposer. J’ai même réussi à n’en sélectionner que quatorze… Bon, au début, ça va, on taille dans le gras, on vire tout ce qui est moche, raté, qui ne va pas avec le reste. Mais plus la sélection se réduit, plus ça devient difficile. Je suis sûr que vous savez de quoi je parle : à chaque fois qu’on revient d’un shooting, on vide la carte mémoire, on sait qu’on ne gardera pas tout… mais qu’est-ce qu’on en a envie !
Sélection drastique, donc, mais nécessaire. Un peu de post-traitement vite fait (ou pas…), et voilà l’inconnue suivante : le tirage. Jamais fait de grands tirages, je ne sais pas où les faire développer, en quel format, je n’ai aucune idée de la qualité que je vais obtenir, j’ai un mélange de vieilles images prises avec mon 350D, d’autres plus récentes prises avec le 5D tout neuf, je ne sais pas si on verra une différence de qualité, mon écran n’est pas mauvais mais il n’est pas calibré, je ne sais pas si les tirages seront conformes à ce que j’ai sous les yeux, et si c’est trop sombre, trop clair, avec des couleurs fades, je fais quoi ? , à deux semaines de l’expo je n’aurais pas le temps de refaire des tirages si jamais il y a un problème… De toute façon, pas le choix, il faut y aller. Je fais développer chez MyPix, JP me disant qu’ils sont bien (et moi constatant qu’ils ne sont pas les plus chers, parce que mine de rien c’est un budget, cette expo !).
Étape suivante, en attendant de recevoir les tirages : la cohérence. Parce qu’à première vue, les photos sélectionnées n’ont rien à voir entre elles. Il faut donc un titre à l’expo, un titre pour chaque photo, et puis aussi un texte pour chaque photo… Parce que l’écriture et la photo, c’est comme pour la musique : on peut avoir un morceau instrumental, ou a capella, ou mélanger texte et instruments, les deux peuvent exister séparément, mais si on les met ensemble, ça fonctionne encore.
La photo, c’est pareil : elle exprime un sentiment, elle a une raison d’être : si, en tant que photographe, on a choisi de prendre une scène et pas une autre, c’est parce qu’elle nous plaisait, d’une façon ou d’une autre. Cette photo, elle signifie quelque chose pour nous. Mais ce n’est pas forcément évident pour quelqu’un d’extérieur d’appréhender notre état d’esprit du moment, juste en regardant le résultat accroché au mur. Tout le monde est sensible à des choses différentes. J’envisage alors le texte comme un moyen de réunir le photographe et le visiteur, de les faire tendre vers le même état d’esprit, de les faire communier. Le texte ne doit donc pas être descriptif, il serait redondant avec la photo, mais il doit aligner les mots de façon à faire passer un sentiment, celui qui, du point de vue du photographe, se dégage de l’image. Pourquoi j’ai choisi de présenter une banale photo de goutte posée sur une feuille ? C’est classique, ça n’a rien d’exceptionnel, on en a vu des centaines… Mais l’eau, c’est la vie ; la plante, c’est l’oxygène ; l’eau, c’est la nourriture de la plante. Ça forme un tout, un cycle, une coopération. Et le texte me permet de partager mon point de vue, pour essayer de faire comprendre au visiteur que ce n’est pas juste une goutte posée sur une feuille, mais c’est un maillon de la chaîne, c’est un élément d’une réflexion plus globale.
Alors il y a eu cette étape d’écriture, pour légender les photos. Un processus assez long aussi, il faut trouver le mot juste, la musicalité, la rythmique, les sonorités. Et jouer avec le graphisme, aussi : pour la banquise, j’ai fait un texte qui fond, je pense que c’est assez visible ; et pour le « Randonneur aquatique », j’ai fait des vagues (si si, je pense que c’est moins flagrant, mais je vous assure !).
Et entretemps, les photos étaient développées, envoyées… et reçues. Étape suivante, donc : les cadres. Une photo en main, faire les magasins pour trouver les cadres qui vont bien, et si possible pas cher, quatorze photos à 3€ le sous-verre de base, pour servir juste une fois à une expo… Je préfère limiter les frais. Je me retrouve donc à devoir trouver quatorze cadres identiques, hé bien c’est pas évident… D’abord du repérage pour voir ce qui existe, et à quel prix. Ensuite se rendre compte qu’il n’y a qu’un sous-verre tout bête en assez grande quantité, mais au moins comme ça le budget est en meilleure forme. Donc magasin A, ok il y en sept. Magasin B, il y a l’équivalent, mais de la marque B. Pas grave. Je prends donc tout le stock du magasin B, et je retourne au A prendre tout aussi. Je rentre chez moi, je commence à mettre les photos sous verre. Marque A, ok, pas de problème. J’ouvre le cadre, je retourne la feuille pour avoir un beau fond tout blanc, je mets la photo, je referme, tout baigne. Marque B, j’ouvre le cadre, je retourne la feuille… pour avoir un beau fond tout blanc avec plein d’informations de service consommateur dessus… Youpi. Il me faut donc trouver des fonds blancs du bon format, retour dans les magasins, en grand format il n’y a rien… Je finis par prendre des feuilles canson, trop grandes, à découper donc. Le grain n’est pas le même que les autres fonds, on voit la différence… Tant pis pour la cohérence d’ensemble. Je continue, plus que trois cadres, forcément le suivant s’est cassé… Magasin A, il n’y en a plus. Magasin B, il n’y en a plus non plus… C, D ? Magasin E, youhou ! Avec un beau fond tout blanc, en plus. Plus qu’une photo à encadrer, donc. Si je peux vous donner un conseil, si vous faites ça : buvez un coup. Parce que sinon, vous êtes un brin déshydraté, donc vous produisez de la salive, vous finissez par postillonner sur votre photo, et vous voyez avec de grands yeux ahuris la salive dissoudre la photo. Le fond noir se transforme en une infâme bouillie orangée. Ça se voit juste à 3 km. Bon, système D, un coup de feutre noir indélébile, allez, ni vu ni connu, de toute façon personne ne regardera les photos à 2 cm. Heureusement que c’était sur une zone noire, d’autres couleurs ç’aurait pas été possible…
Voilà donc pour l’organisation : comme je disais, à l’arrache ! Et le festival lui-même, en comparaison, c’était donc calme. Mais sentiment très bizarre d’exposer ainsi ses clichés, à côté de photographes connus et reconnus : quelque part on se dit qu’on n’a pas sa place ici, on n’est qu’un petit photographe amateur sans expérience, qui en découvre tous les jours sur la photo, alors que là-bas, pas loin, il y a un gars qui s’appelle Alexandre Deschaumes, par exemple, tout juste revenu de Patagonie avec des paysages magnifiques, et que juste à côté, il y a un stand avec un fond en tissu noir pour cacher les grilles sur lesquelles on accroche les photos, des lampes positionnées au-dessus des cadres, une table avec prospectus à distribuer et livres à vendre, une installation qui fait pro, quoi. Alors, fatalement, on se dit que tous ces grands photographes vont regarder et juger nos photos, et s’ils donnent un avis ce sera par politesse, et s’ils ne disent rien on saura qu’ils n’aiment pas, mais bon, c’est l’jeu ma pauv’ Lucette, alors on sort ses cadres et on les accroche.
Et puis, finalement, il y avait du monde avec qui discuter, les autres exposants et les pixpotes, plein d’expos à regarder, des conférences auxquelles assister, pas le temps de s’ennuyer. Alors je ne suis pas tellement resté à côté de mon coin de mur parsemé de photos, je ne sais même pas ce qu’en ont pensé les visiteurs (enfin, sauf mes parents, mais pas sûr qu’ils soient objectifs), et on m’a rapporté après coup que ça avait plu (forcément, météo du nord ! Ok je sors, mais je finis d’abord !), alors on va dire que je ne vais pas dénigrer ces propos, parce que les compliments ça fait jamais de mal.
Très bonne expérience en fin de compte, tant pour la préparation de l’expo que pour l’expo elle-même, c’est à faire si vous en avez l’occasion ! Et si par hasard vous êtes curieux de voir ce que j’avais exposé, la série est sur le forum : l’eau dans tous ses états.
· Et en dehors de la photo, as-tu d’autres passions ?
Oui.
Bon, d’accord, je développe… (Haha.) (Hum…)
J’aime bien écrire, mais j’écris peu (enfin, peu… Pas souvent, quoi). C’est un peu comme un besoin, de partager des événements, des sentiments, des pensées qui me passent par la tête, alors c’est par périodes, en fonction de ce que je vis. Et c’est aussi quand j’ai le temps, parce qu’une fois lancé, j’y passe plusieurs heures, alors il me faut la disponibilité et la motivation. Mais ça garde un côté libérateur dont je ne pourrais pas me passer.
Sinon, je suis un Ahuri (c’est-à-dire fan d’Eiffel, vous connaissez Eiffel ? Un groupe qu’il est bien à entendre par où ça passe !), depuis la rentrée j’ai rejoint l’équipe qui s’occupe du site officiel, je vais donc bosser un peu là-dessus, essayer de rédiger du contenu, prendre des photos de concert, tenir le stand de t-shirts et autres goodies pendant les concerts, etc.
De manière plus générale, si vous me mettez un instrument dans les mains, je pourrais en tirer des sons, mais je pense que personne ne s’avancerait à qualifier cela de musique (quoique, je saurais peut-être jouer du triangle). Par contre j’ai toujours de la musique avec moi et j’ai un budget concert assez conséquent (surtout avec Eiffel, vous connaissez Eiffel ? Un groupe qu’il est bien à entendre par où ça passe !), ça non plus je ne pourrais pas m’en passer.
Dans le genre qui me manquerait aussi si je devais m’en passer, il y a le sport. Badminton de manière plus ou moins régulière, mais surtout escrime. Où là aussi je m’implique puisque je fais partie du Comité Directeur du club, ça demande aussi un peu de temps en plus des entraînements.
Donc en résumé, on reconnaît mes passions au temps que j’y passe et au degré d’implication que je leur attribue. D’ailleurs, prenant en compte cette définition, ma passion la plus dévorante est en fait dormir. S’enrouler dans une couette et fermer les yeux, partir rêver à d’autres temps, d’autres contrées, refaire les mondes à sa sauce, devenir l’architecte de sa vie le temps d’une nuit, c’est quand même grisant.
· Si tu devais t’installer dans un autre pays. Lequel serait-il ?
Celui où je me sente bien, tout simplement.
Je n’ai pas beaucoup voyagé à l’étranger, alors il y a plein de pays que j’aimerais découvrir, par exemple Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Chili, Pérou, Islande… Mais comment pourrais-je savoir dans lequel j’aimerais m’installer, sans les connaître ? Climat, culture, habitudes de vie, patrimoine, relief, politique sociale, économie, il y a tellement de critères à découvrir avant de savoir si on serait bien quelque part !
Alors si je devais choisir là tout de suite un refuge, à partir des idées préconçues qui voyagent de peuple en peuple et de ménestrel en ménestrel, je dirais que le Canada est un bon candidat.
· Nous voilà à cette question con de fin d’interview, qui je n’en doute pas, va t’inspirer : Est-ce que Jeanne d'Arc avait tout compris lorsqu'elle a frit ?
Mouaha, j’adore !
Malheureusement ses derniers mots ne furent pas des plus explicites, quelque chose entre le nourrisson bégayant ses premiers mots, l’alcoolisé désarticulant ses propos, et le râle crépitant de la côte de bœuf au barbecue. Nous n’avons donc que des suppositions sur cette historique fin, mais, regardons les choses en face : elle entend des voix, s’intronise Pucelle d’Orléans, part bouter les Anglois hors de France, et termine au bûcher. Comment aurait-elle pu avoir le temps de tout comprendre ? Peut-être était-elle imbattable en spiritualité et en stratégie militaire, en harangue et en éclairage public, mais avait-elle compris le principe du spin de l’électron, de la téléportation quantique ou de la poêle à frire ? Faisons fi des quolibets, faisons-lui confiance et supposons que, comme elle le prétend, Dieu lui parlait. Dieu aurait pu lui révéler tous les mystères de l’univers. Mais écouter est une chose, comprendre en est une autre. Avait-elle compris le boson de Higgs, l’architecture réseau intégrant un reverse-proxy, ou comment attraper tous les Pokémons ?
Mais, bon… Beau joueur, je veux bien admettre la possibilité qu’elle ait compris ces quelques exemples pris au hasard parmi le savoir collectif. Il me reste cependant un argument : comment Jeanne d’Arc aurait pu avoir tout compris ? Que signifie ce « tout » ? Le tout comprend tout ce qui est connu de notre espèce, tout ce qui existe, et même au-delà. Absolument tout. Y compris « rien », par conséquent. Donc, Jeanne d’Arc, si elle avait tout compris, aurait, par là-même, compris rien. Paradoxe : comment pourrait-elle tout comprendre si elle n’a rien compris ?
Mais, bon… Admettons que, ayant tout compris, elle a aussi compris le « rien », et que ces deux notions peuvent co-exister de manière disjointe sans provoquer de paradoxe spatio-temporel. Jeanne d’Arc aurait alors vraiment tout compris. De manière absolue. Malheureusement… tout est relatif ! Hé oui, comme nous l’indique ce précepte bien connu, « tout » n’est pas absolu ! Allons encore plus loin : si tout est relatif, alors l'absolu est lui aussi relatif. Ce qui veut dire qu'il n'existe pas vraiment d'absolu puisque, celui-ci étant relatif, on peut le comparer à autre chose qui lui serait supérieur, en proportions ou en implications. De ce fait, l'absolu étant relatif, il en résulte une autodestruction immédiate et irréversible de l'absolu. Mais le relatif n'existe qu'en comparaison de l'absolu, car, comme bon nombre de concepts abstraits, il n'est défini qu'en regard de son contraire. L'absolu n'existant pas, le relatif n'existe pas non plus. Or, tout est relatif. Donc, tout n'existe pas non plus. Et, comme rien est dans tout, alors rien n'existe !
Et si rien n’existe, cela ne peut signifier qu’une chose : la fin du monde connu et inconnu par implosion immédiate et irréversible de l'univers entier. Rassurez-vous, nous sommes encore là… Car, si l'univers est fini, alors sa destruction aura une fin. Mais qu'y aura-t-il ensuite ? Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme… Donc il restera forcément quelque chose résultant de la destruction de l'univers fini. Celui-ci ne sera donc pas, en fin de compte, détruit, ce qui va à l'encontre du postulat de la destruction de l'univers.
Ceci prouve donc que l'univers est infini. Le problème qui se pose maintenant est de savoir si la destruction d'un espace infini peut se produire. En effet, comment détruire quelque chose d'infini ? On a beau commencer par un bout, ou même attaquer par le milieu (où est le milieu de l'infini ?), il y aura toujours au moins un bout de l'infini qui sera hors de porté, puisque toujours à l'infini par rapport à l'observateur que nous sommes.
On ne peut donc raisonnablement pas détruire quelque chose d'infini, à moins que cette destruction soit instantanée en tout point de l'infini. Mais l'instantané est une notion temporelle définie par l'homme, qui traduit une durée très courte, mais qui n'a physiquement aucun sens. Or, tant que l'instantané aura une durée, la destruction d'une infinité de points aura une durée infinie. C’est-à-dire que, même en état de perpétuelle destruction, l’univers existera toujours. L’univers ne peut donc pas être détruit…
Résumons : Jeanne aurait pu avoir tout compris si elle avait compris à la fois le tout et le rien. Mais, en analysant cette hypothèse, nous avons pu démontrer qu’elle n’est plausible que si l’univers s’en trouve détruit. Or, l’univers étant infini, il ne peut pas être détruit. Donc l’hypothèse est invalidée, et Jeanne, bien qu’ayant frit, n’avait pas tout compris.
CQFD.
PS : vous trouverez de l’aspirine dans toutes les bonnes pharmacies.
Hé bien voilà on est arrivé au bout finalement ! Moi je me suis bien amusé à répondre à tout ça, j’espère que ça vous a au moins un peu diverti, et puis si vous voulez réagir sur certains points, ne vous privez pas : que la discussion s’alimente !
5 photos :
Photo 1 : Et la lumière fut
Parce que parmi les autoportraits que j’ai pu faire, celle-ci reste une de celles dont les réactions m’ont le plus surpris : beaucoup de ceux qui l’ont vu n’ont pas remarqué (ou au bout d’un moment, en scrutant vraiment) que la lampe n’était pas branchée… Alors qu’a priori le fil est bien visible !
Photo 2 : Zombie
Parce que la Zombie Walk, c’est bientôt ;) !
Photo 3 : Des masqués !
Parce que le forum, c’est aussi les sorties, comme au carnaval d’Annecy.
Photo 4 : Îlot de lumière
Parce que ça fait partie des moments où tout s’aligne pour correspondre à la scène que vous vouliez prendre.
Photo 5 : Man-hir
Parce que l’on reste parfois de marbre face à la pierre.
Et bien Merci grandement pour ton implication Monsieur Meuble. Je pense que l'on peut te décerner la palme de la plus longue interview du site.