09/06/2011 à 17:18
cacale
Allez je vous livre un article qui paraîtra prochainement dans un magazine pour recueillir vos avis… chut ;)
La fête Jehanne d’Arc : Une immersion dans le Moyen-Âge.
Une reconstitution historique.
La nuit du 22 mai 1430, Jehanne décide d’attaquer Margny tenu par les Bourguignons de l’autre côté de l’Oyse. La pucelle est capturée, puis ce fut le siège de la ville de ses bons amys de Compiengne.
Chaque année depuis 1909, les 17 et 18 mai à Compiègne, on célèbre la fête Jehanne organisée par l'association « les compagnons de Jehanne ». A cette occasion sont proposés des ateliers artisanaux, un imposant campement médiéval et un marché moyenâgeux. En entrant dans Compiègne par le pont de l’Oise, on arrive sur la tour Beauregard, dite tour Jeanne d’Arc. Immédiatement des parfums d’antan nous envahissent, odeur de paille qui recouvre le sol, senteurs de feux de bois et de chaudrons où mijotent déjà les ragoûts. Mais ça sent aussi le soufre des canons et des arquebuses ! On entend des chocs de lames, des cris d’animaux, des musiques médiévales,
la foule parée de ses plus beaux costumes qui fatrouille et afflue vers les courtines. Dès lors, on abandonne le quotidien pour entrer de plein pied dans une autre dimension, celle du Moyen-Âge.
Médiévistes, passionnés ou touristes se retrouvent pour festoyer et ripailler bonne pitance autour d’une flambée au son des olifants.
Un mestre de l’art du combat.
Chris mestre de guerre tient son atelier dans les ruines de la tour Beauregard servant jadis à guetter l’ennemi. Quel meilleur endroit pour enseigner le maniement des armes que ce lieu chargé d’histoire. On découvre des lames "reproduites par un ami forgeron", pèse une épée à deux mains, porte des boucliers, essaye une salade ou une cotte de mailles.
Puis Chris nous présente une patte de corbeau et un attrape coquin, pièges à lames acérées que l’on posait au sol pour attraper les voleurs. « C’est l’ancêtre de la herse, le fripon venu rapiner menues richesses s’y perçait les pieds » confiera-t-il. Nous assistons à une démonstration de tir d’arquebuse sans projectile mais avec de la poudre noire, résultat d’un mélange précis de salpêtre, de charbon et de soufre. On se bouche les oreilles et ferme les yeux, Chris approche la mèche de salpêtre enflammé … Boum ! Une épaisse fumée grise sort de l’arquebuse et une forte odeur néanmoins agréable, envahit les lieux. On a le privilège d’assister à un tir de canon pour terminer cette sensibilisation aux armes médiévales.
Une fois achevée cette séance très pédagogique et après avoir beaucoup échangé sur le sujet, la faim venant il fallait ripailler. Au menu : porcelet rôti, jambon cuit, saucisses aux lardons et aux oignons accompagnées de choux ou de lentilles ; le tout servi dans une écuelle avec de la vinasse ou de la bière. Cette francherepue terminée, on continue sa route vers « Les ateliers du Moyen-Âge » qu’on ne peut pas rater.
Dans les ateliers du Moyen-Âge, l’anachronisme n’a pas place.
Les affublements de cette troupe d’une vingtaine de manants et d’environ dix fillots comblent le public amassé devant ce spectacle formidable, c’est une gigantesque fresque vivante du Moyen-Âge !
Chevaux, furets, chèvres, tentes, armes, armures, catapultes, forge, jeux et ustensiles constituent ce décor réaliste. Ici on apprend la vie au Moyen-Âge de la couche à la pitance en passant par des récits sur les coutumes, les vêtements ou le vocabulaire. On sent des épices, pas moins d’une trentaine sont présentées, on goûte le nougat.
Gilles, le chef de la troupe, me confiera qu’il a acheté une ancienne abbaye en ruine à Ségur le château où il vit avec sa compagnie et organise des représentations pour transmettre son savoir et sa passion. Il participe aux festivités médiévales et élabore des soirées pour le bon plaisir de châtelains ou organise des fêtes historiques. Il aime sa passion et la vit pleinement comme ses compagnons et cela se remarque. Sa femme réalise elle-même les costumes, un forgeron façonne les armes, la nourriture est savamment faite dans le respect des traditions. Un stand de tir à l’arc jouxte le camp où l’on prend des cours et teste différentes armes sur des cibles. Les visiteurs rencontrent une communauté qui vit en quasi autarcie et dans laquelle l’anachronisme n’a pas place. Quand Gilles et les siens sont en représentations, « pas de montre au poignet, de téléphone ou de cigarette sur le camp, nous vivons au Moyen-Âge ! ». Les visiteurs semblent sortir de cette rencontre bouleversés par la gentillesse, la simplicité et la disponibilité des gens qui forment ce collectif.
Le marché médiéval et le défilé.
Ensuite, le flâneur se laisse entraîner par des musiciens médiévaux qui jouent « La quinte estampie reale » devant un attroupement. Une danseuse dessine des cercles de rubans au rythme du tambour, une gente dame fait tourner la roue de sa vielle tandis que son compagnon joue de la cornemuse « instrument de toutes les fêtes au moyen âge contrairement à la pensée collective », on joue du luth, de la flûte à bec ou de la citole.
Puis on entre sans même s’en rendre compte sur le marché médiéval, un tanneur, un calligraphe, un maître verrier qui réalise des vitraux extraordinaires, un stand d’enluminure à feuille d’or, on décore boucliers et blasons ou on fabrique des bougies.
Des patrouilles d’hommes en arme circulent en s’invectivant en patois d’un autre temps : « mont-joie ! ». On passe devant les lavandières en tabliers et bonnets blancs, agenouillées au lavoir, battoir en main qui tchokent le linge pour lui rendre sa blancheur. On me propose d’essayer comme sur chaque stand d’ailleurs, on peut souffler le verre, battre le fer chaud ou encore peindre des armoiries. Tout cela est enivrant et fait presque oublier le défilé, instant culminant de la journée.
A grands renforts de roulements de tambours, Jehanne arrive sur un élégant cheval blanc. Comme chaque année elle est magnifique,
une armure argentée rayonnante la couvre des épaules aux pieds, elle porte dessus un gilet rouge ardent et tient un drapeau main droite, la gauche guidant sa majestueuse monture. Elle est accompagnée de chevaliers sur leurs fiers destriers, derrière s’empressent une troupe de soldats, des nobles et des moines ; les gueux ferment la procession.
Oyez ! la fête de Jehanne fut un franc succès, beaucoup attendent avec impatience une prochaine immersion dans le Monde Médiéval.
Adresses utiles :
Office du Tourisme de Compiègne : Place de l'Hôtel de Ville - BP 30009 - 60200 Compiègne
Association les Compagnons de Jehanne : 18, rue Saint Joseph – 60200 Compiègne
Chris Mézier, Mestre de Guerre : n°5 Le Bougazeau - 36270 Eguzon
Gilles, Les Ateliers du Moyen-Âge : 19230 Ségur le Château - 60200 Compiègne
Explications des termes médiévaux :
Amys : ami - l’Oyse : l'Oise - Compiengne : Compiègne - Fatrouiller : bavarder - Courtines : murs d’enceintes - Festoyer : fêter - Ripailler : manger - Pitance : repas - Olifants : cor - Mestre : maître - Salade : forme de casque - Patte de corbeau et attrape coquin : pièges multi lames - Rapiner : voler - Vinasse : vin de piètre qualité - Francherepue : bon repas – Affublements : vêtements - Manant : résident - Fillots : fils (enfants) - Citole : ancêtre du cistre, instrument de musique - La quinte estampie reale : Chant de troubadour du XIIIème - Mont-joie : Cri de guerre usité dans les batailles - Tchoker : taper
Découvrez ma quadrilogie de diaporamas sur cet évènement : Ici en bas de page
La fête Jehanne d’Arc : Une immersion dans le Moyen-Âge.
Une reconstitution historique.
La nuit du 22 mai 1430, Jehanne décide d’attaquer Margny tenu par les Bourguignons de l’autre côté de l’Oyse. La pucelle est capturée, puis ce fut le siège de la ville de ses bons amys de Compiengne.
Chaque année depuis 1909, les 17 et 18 mai à Compiègne, on célèbre la fête Jehanne organisée par l'association « les compagnons de Jehanne ». A cette occasion sont proposés des ateliers artisanaux, un imposant campement médiéval et un marché moyenâgeux. En entrant dans Compiègne par le pont de l’Oise, on arrive sur la tour Beauregard, dite tour Jeanne d’Arc. Immédiatement des parfums d’antan nous envahissent, odeur de paille qui recouvre le sol, senteurs de feux de bois et de chaudrons où mijotent déjà les ragoûts. Mais ça sent aussi le soufre des canons et des arquebuses ! On entend des chocs de lames, des cris d’animaux, des musiques médiévales,
la foule parée de ses plus beaux costumes qui fatrouille et afflue vers les courtines. Dès lors, on abandonne le quotidien pour entrer de plein pied dans une autre dimension, celle du Moyen-Âge.
Médiévistes, passionnés ou touristes se retrouvent pour festoyer et ripailler bonne pitance autour d’une flambée au son des olifants.
Un mestre de l’art du combat.
Chris mestre de guerre tient son atelier dans les ruines de la tour Beauregard servant jadis à guetter l’ennemi. Quel meilleur endroit pour enseigner le maniement des armes que ce lieu chargé d’histoire. On découvre des lames "reproduites par un ami forgeron", pèse une épée à deux mains, porte des boucliers, essaye une salade ou une cotte de mailles.
Puis Chris nous présente une patte de corbeau et un attrape coquin, pièges à lames acérées que l’on posait au sol pour attraper les voleurs. « C’est l’ancêtre de la herse, le fripon venu rapiner menues richesses s’y perçait les pieds » confiera-t-il. Nous assistons à une démonstration de tir d’arquebuse sans projectile mais avec de la poudre noire, résultat d’un mélange précis de salpêtre, de charbon et de soufre. On se bouche les oreilles et ferme les yeux, Chris approche la mèche de salpêtre enflammé … Boum ! Une épaisse fumée grise sort de l’arquebuse et une forte odeur néanmoins agréable, envahit les lieux. On a le privilège d’assister à un tir de canon pour terminer cette sensibilisation aux armes médiévales.
Une fois achevée cette séance très pédagogique et après avoir beaucoup échangé sur le sujet, la faim venant il fallait ripailler. Au menu : porcelet rôti, jambon cuit, saucisses aux lardons et aux oignons accompagnées de choux ou de lentilles ; le tout servi dans une écuelle avec de la vinasse ou de la bière. Cette francherepue terminée, on continue sa route vers « Les ateliers du Moyen-Âge » qu’on ne peut pas rater.
Dans les ateliers du Moyen-Âge, l’anachronisme n’a pas place.
Les affublements de cette troupe d’une vingtaine de manants et d’environ dix fillots comblent le public amassé devant ce spectacle formidable, c’est une gigantesque fresque vivante du Moyen-Âge !
Chevaux, furets, chèvres, tentes, armes, armures, catapultes, forge, jeux et ustensiles constituent ce décor réaliste. Ici on apprend la vie au Moyen-Âge de la couche à la pitance en passant par des récits sur les coutumes, les vêtements ou le vocabulaire. On sent des épices, pas moins d’une trentaine sont présentées, on goûte le nougat.
Gilles, le chef de la troupe, me confiera qu’il a acheté une ancienne abbaye en ruine à Ségur le château où il vit avec sa compagnie et organise des représentations pour transmettre son savoir et sa passion. Il participe aux festivités médiévales et élabore des soirées pour le bon plaisir de châtelains ou organise des fêtes historiques. Il aime sa passion et la vit pleinement comme ses compagnons et cela se remarque. Sa femme réalise elle-même les costumes, un forgeron façonne les armes, la nourriture est savamment faite dans le respect des traditions. Un stand de tir à l’arc jouxte le camp où l’on prend des cours et teste différentes armes sur des cibles. Les visiteurs rencontrent une communauté qui vit en quasi autarcie et dans laquelle l’anachronisme n’a pas place. Quand Gilles et les siens sont en représentations, « pas de montre au poignet, de téléphone ou de cigarette sur le camp, nous vivons au Moyen-Âge ! ». Les visiteurs semblent sortir de cette rencontre bouleversés par la gentillesse, la simplicité et la disponibilité des gens qui forment ce collectif.
Le marché médiéval et le défilé.
Ensuite, le flâneur se laisse entraîner par des musiciens médiévaux qui jouent « La quinte estampie reale » devant un attroupement. Une danseuse dessine des cercles de rubans au rythme du tambour, une gente dame fait tourner la roue de sa vielle tandis que son compagnon joue de la cornemuse « instrument de toutes les fêtes au moyen âge contrairement à la pensée collective », on joue du luth, de la flûte à bec ou de la citole.
Puis on entre sans même s’en rendre compte sur le marché médiéval, un tanneur, un calligraphe, un maître verrier qui réalise des vitraux extraordinaires, un stand d’enluminure à feuille d’or, on décore boucliers et blasons ou on fabrique des bougies.
Des patrouilles d’hommes en arme circulent en s’invectivant en patois d’un autre temps : « mont-joie ! ». On passe devant les lavandières en tabliers et bonnets blancs, agenouillées au lavoir, battoir en main qui tchokent le linge pour lui rendre sa blancheur. On me propose d’essayer comme sur chaque stand d’ailleurs, on peut souffler le verre, battre le fer chaud ou encore peindre des armoiries. Tout cela est enivrant et fait presque oublier le défilé, instant culminant de la journée.
A grands renforts de roulements de tambours, Jehanne arrive sur un élégant cheval blanc. Comme chaque année elle est magnifique,
une armure argentée rayonnante la couvre des épaules aux pieds, elle porte dessus un gilet rouge ardent et tient un drapeau main droite, la gauche guidant sa majestueuse monture. Elle est accompagnée de chevaliers sur leurs fiers destriers, derrière s’empressent une troupe de soldats, des nobles et des moines ; les gueux ferment la procession.
Oyez ! la fête de Jehanne fut un franc succès, beaucoup attendent avec impatience une prochaine immersion dans le Monde Médiéval.
Adresses utiles :
Office du Tourisme de Compiègne : Place de l'Hôtel de Ville - BP 30009 - 60200 Compiègne
Association les Compagnons de Jehanne : 18, rue Saint Joseph – 60200 Compiègne
Chris Mézier, Mestre de Guerre : n°5 Le Bougazeau - 36270 Eguzon
Gilles, Les Ateliers du Moyen-Âge : 19230 Ségur le Château - 60200 Compiègne
Explications des termes médiévaux :
Amys : ami - l’Oyse : l'Oise - Compiengne : Compiègne - Fatrouiller : bavarder - Courtines : murs d’enceintes - Festoyer : fêter - Ripailler : manger - Pitance : repas - Olifants : cor - Mestre : maître - Salade : forme de casque - Patte de corbeau et attrape coquin : pièges multi lames - Rapiner : voler - Vinasse : vin de piètre qualité - Francherepue : bon repas – Affublements : vêtements - Manant : résident - Fillots : fils (enfants) - Citole : ancêtre du cistre, instrument de musique - La quinte estampie reale : Chant de troubadour du XIIIème - Mont-joie : Cri de guerre usité dans les batailles - Tchoker : taper
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