17/03/2018 à 06:46
Catherine
A une amie qui me demandait des nouvelles je répondais le lendemain du sinistre jour :
« Effectivement je n’ai pas envie de parler. Je suis complètement en vrac, à « l’ouest » tellement je suis fatiguée de ces derniers jours et même de ces derniers mois passés à lutter pour gagner du temps sur la maladie. C‘est épuisant de se demander combien de temps encore avant l’imminence de l’échéance. Et puis, lorsque celle-ci se précise et s’impose comme une évidence, tout faire pour que tout se passe bien, se concentrer pour guetter le moment fatidique où il faudra avoir le courage de prendre le téléphone et de demander à ce que l’on mette un terme aux souffrances d’un être avec qui tu as partagé ta vie pendant 11ans, que tu as élevé, éduqué, vu grandir et vieillir. Tu vois, à ce moment là, c’est un immense poids, tu décides de la mort d’un être auquel tu tiens et, même si tu te dis que c’est ce que tu dois faire pour lui épargner trop de souffrance, tu ne peux t’empêcher de culpabiliser. Une partie de toi se révolte et ne veut pas mais il le faut car elle est là mais ce n’est déjà plus celle qui était ta compagne. Une fois le rendez-vous pris il faut encore la prendre dans tes bras et la porter dans la voiture sans l’inquiéter, puis faire le trajet jusqu’au cabinet, lentement, comme si tu voulais gagner encore quelques minutes…… et puis tu arrives devant la porte, et là tu ne peux plus reculer, plus gagner de temps, il ne faut plus réfléchir, tu sors de la voiture mécaniquement tu vas à l’accueil pour avoir de l’aide, on sort ta chienne, vous rentrez dans le cabinet. Le vétérinaire, en silence, la pose sur la table, tu la prends dans tes bras, sa tête repose dans ton cou. Pendant que le praticien prépare les injections, tu dis doucement à ta chienne que tu l’aimes, tu la remercies de ces années passées ensemble, tu lui dis que vous ne vous quitterez pas et qu’elle reviendra vite, tu l’embrasses… pendant ce temps le véto lui place le cathéter sur la patte avant et commence à faire la première injection…. un sursaut, la tête de ta chienne devient lourde, elle n’est plus là… le véto écoute le coeur… elle était tellement faible que la seconde injection n’a pas été nécéssaire. C’est définitivement fini, tu ne peux plus revenir en arrière, elle est là, étendue devant toi, tu la serres contre toi, tu pleures. On te fait signer des papiers, tu paies et tu te retrouves dans ta voiture, seule. Et là ce n’est pas fini… tu rentres et tu trouves ses affaires que tu dois ranger, ses médicaments que tu dois jeter…. A chaque instant son absence t’agresse : quand elle n’est pas là pour te rappeler l’heure de la gamelle, de la sortie, quand tu manges ton fromage que tu ne partages plus….
Ce matin nous sommes allés faire une promenade et là un choc…. au début de la promenade nous croisons une vieille chienne Golden assise au milieu du chemin, Harry fait ses civilités, elle se lève et vient vers moi, me suit, je lui tends la main et là elle me regarde…. de ce regard qu’ont les vieux chiens avec leurs yeux qui deviennent des petites billes toutes rondes… j’y ai vu une telle tendresse… comme si elle avait compris, comme si elle savait tout, comme si Bambou me disait, à travers elle, sa gratitude et son amour…. Si son maitre n’avait pas été dans les parages nous nous serions regardées encore un long moment, elle m’aurait certainement beaucoup aidée. Que j’aurais aimé la garder avec moi …. »
Des mois ont passé et en tentant de relire ce message je pleure comme ce jour là…;(
« Effectivement je n’ai pas envie de parler. Je suis complètement en vrac, à « l’ouest » tellement je suis fatiguée de ces derniers jours et même de ces derniers mois passés à lutter pour gagner du temps sur la maladie. C‘est épuisant de se demander combien de temps encore avant l’imminence de l’échéance. Et puis, lorsque celle-ci se précise et s’impose comme une évidence, tout faire pour que tout se passe bien, se concentrer pour guetter le moment fatidique où il faudra avoir le courage de prendre le téléphone et de demander à ce que l’on mette un terme aux souffrances d’un être avec qui tu as partagé ta vie pendant 11ans, que tu as élevé, éduqué, vu grandir et vieillir. Tu vois, à ce moment là, c’est un immense poids, tu décides de la mort d’un être auquel tu tiens et, même si tu te dis que c’est ce que tu dois faire pour lui épargner trop de souffrance, tu ne peux t’empêcher de culpabiliser. Une partie de toi se révolte et ne veut pas mais il le faut car elle est là mais ce n’est déjà plus celle qui était ta compagne. Une fois le rendez-vous pris il faut encore la prendre dans tes bras et la porter dans la voiture sans l’inquiéter, puis faire le trajet jusqu’au cabinet, lentement, comme si tu voulais gagner encore quelques minutes…… et puis tu arrives devant la porte, et là tu ne peux plus reculer, plus gagner de temps, il ne faut plus réfléchir, tu sors de la voiture mécaniquement tu vas à l’accueil pour avoir de l’aide, on sort ta chienne, vous rentrez dans le cabinet. Le vétérinaire, en silence, la pose sur la table, tu la prends dans tes bras, sa tête repose dans ton cou. Pendant que le praticien prépare les injections, tu dis doucement à ta chienne que tu l’aimes, tu la remercies de ces années passées ensemble, tu lui dis que vous ne vous quitterez pas et qu’elle reviendra vite, tu l’embrasses… pendant ce temps le véto lui place le cathéter sur la patte avant et commence à faire la première injection…. un sursaut, la tête de ta chienne devient lourde, elle n’est plus là… le véto écoute le coeur… elle était tellement faible que la seconde injection n’a pas été nécéssaire. C’est définitivement fini, tu ne peux plus revenir en arrière, elle est là, étendue devant toi, tu la serres contre toi, tu pleures. On te fait signer des papiers, tu paies et tu te retrouves dans ta voiture, seule. Et là ce n’est pas fini… tu rentres et tu trouves ses affaires que tu dois ranger, ses médicaments que tu dois jeter…. A chaque instant son absence t’agresse : quand elle n’est pas là pour te rappeler l’heure de la gamelle, de la sortie, quand tu manges ton fromage que tu ne partages plus….
Ce matin nous sommes allés faire une promenade et là un choc…. au début de la promenade nous croisons une vieille chienne Golden assise au milieu du chemin, Harry fait ses civilités, elle se lève et vient vers moi, me suit, je lui tends la main et là elle me regarde…. de ce regard qu’ont les vieux chiens avec leurs yeux qui deviennent des petites billes toutes rondes… j’y ai vu une telle tendresse… comme si elle avait compris, comme si elle savait tout, comme si Bambou me disait, à travers elle, sa gratitude et son amour…. Si son maitre n’avait pas été dans les parages nous nous serions regardées encore un long moment, elle m’aurait certainement beaucoup aidée. Que j’aurais aimé la garder avec moi …. »
Des mois ont passé et en tentant de relire ce message je pleure comme ce jour là…;(