15/09/2011 à 22:08
elina
Août 2007.
La Grèce est en feu. Le pays entier est un four que la tiédeur de la nuit ne suffit plus à refroidir. L’état d’urgence nationale est déclaré. La police s’est lancée à la poursuite de pyromanes criminels. Il faut bien trouver un bouc émissaire à l’incendie géant qui ravage la péninsule…
Depuis trois semaines, je suis le front du brasier. Aujourd’hui, il est aux portes d’Athènes. Sur le bord de la route qui longe les flancs du mont Hymette, une famille regarde en silence son patrimoine partir en fumée tandis que ses larmes sèchent au bord même des paupières. Les pompiers ont arrêté leur lance et reculé, de guerre lasse. Ni le canadair, ni les hélicos ne repasseront plus. Le feu se dresse là, devant nous, lèche les murs de la maison et croque le toit tandis que les oliviers alentours s’embrasent, un à un, comme des torches. Nous restons là, abrutis d’horreur et de chaleur. Une odeur de roussi nous colle à la peau autant que la suie. Il faut fuir.
J’ai tombé le casque à moitié fondu et le micro brûlant. Le Nagra est saturé de sons : cris, lamentations, prières, sirènes hurlantes, craquements d’écorces et effondrements de troncs, sifflements de la vapeur coincée dans les ruines, témoignages de survivants, de pompiers, d’officiels, d’officieux, d’ONG. J’ai fait mon boulot. Seul reste un goût de cendres.
Jamais plus je ne contemplerai une flamme, si paisible soit elle, avec la même innocence.
Elina
La Grèce est en feu. Le pays entier est un four que la tiédeur de la nuit ne suffit plus à refroidir. L’état d’urgence nationale est déclaré. La police s’est lancée à la poursuite de pyromanes criminels. Il faut bien trouver un bouc émissaire à l’incendie géant qui ravage la péninsule…
Depuis trois semaines, je suis le front du brasier. Aujourd’hui, il est aux portes d’Athènes. Sur le bord de la route qui longe les flancs du mont Hymette, une famille regarde en silence son patrimoine partir en fumée tandis que ses larmes sèchent au bord même des paupières. Les pompiers ont arrêté leur lance et reculé, de guerre lasse. Ni le canadair, ni les hélicos ne repasseront plus. Le feu se dresse là, devant nous, lèche les murs de la maison et croque le toit tandis que les oliviers alentours s’embrasent, un à un, comme des torches. Nous restons là, abrutis d’horreur et de chaleur. Une odeur de roussi nous colle à la peau autant que la suie. Il faut fuir.
J’ai tombé le casque à moitié fondu et le micro brûlant. Le Nagra est saturé de sons : cris, lamentations, prières, sirènes hurlantes, craquements d’écorces et effondrements de troncs, sifflements de la vapeur coincée dans les ruines, témoignages de survivants, de pompiers, d’officiels, d’officieux, d’ONG. J’ai fait mon boulot. Seul reste un goût de cendres.
Jamais plus je ne contemplerai une flamme, si paisible soit elle, avec la même innocence.
Elina