20/04/2011 à 14:23
elina
Lamorlaye. 7 heures du matin.
J'attends Yann Porzier au café de la grande rue centrale. Je ne connais pas cet homme, seulement ce qu'on a pu me dire de lui, ce que j'ai pu en lire aussi.
Entraîneur vedette des années 90' à la réussite insolente, aux phrases toujours cinglantes, il s'est retrouvé réduit à néant après une instruction judiciaire pour suspicion de dopage.
J'appréhende toujours un peu ce genre de personnage qui tentent la plupart du temps de convaincre qu'ils sont blancs comme neige et n'ont rien fait.
Mal m'en a pris…
L’homme ne laisse pas indifférent. Il cite à la volée Pierre Dac ou Nietzsche, s’abreuve de café, bombe le torse devant les jolies femmes, a le verbe haut. Mais il sait aussi prendre le pouls de son personnel tout en écoutant celui de ses chevaux. Il peut rester pensif devant le lilas fleurissant à l’entrée de l’écurie, ou se remémorer les victoires passés des grands champions qu'il a entraîné.
De lui-même, Yann Porzier reconnaît : « Si j’avais su me taire, rester à ma place, je n’aurais probablement pas été la bête à abattre. » Il serait facile de l’imaginer en vedette déchue empressée de prendre sa revanche. Mais entre le « Porzier 2005 » et le « Porzier 2011 », six années se sont écoulées, dont plus de quatre loin des pistes d’entraînement : une garde à vue, un séjour à l’ombre au pénitencier de Caen, une mise au ban de la société des courses, une famille disloquée et la perte d’un père.
« J’ai appris l’humilité. J’ai compris qu’il y avait des choses contre lesquelles je ne pouvais pas lutter. J’ai pris conscience, aussi, de mon amour des chevaux tant ils m’ont manqué. Aujourd’hui, je vis ma vie au jour le jour, Carpe Diem. » Quant à la revanche, il n’en est rien. Passés les quelques bons mots collant à son personnage, il se pose et réfléchit. Ne trouvant pas d’expression pour expliquer ce qui, au-delà des amis et des proches – sa mère en tête – lui a permis de tenir loin de sa raison de vivre, il finit par sortir discrètement de son col de chemise une petite croix en or. « Je ne suis pas plus pratiquant qu’un autre, mais lui, Lui, il m’a écouté et entendu. Si j’ai pu tenir, c’est aussi grâce à Lui. »
Dimanche, Yann Porzier a sellé La Segnora à Auteuil, dans le Prix du Président de la République. Ce n'est pas une course extrêmement prestigieuse, mais l'un des handicaps les mieux dotés (225 000 euros) de la Butte Mortemart. Aucune femelle ne l'avait remporté depuis 35 ans. La Segnora l'a fait. Cette petite crevette grise au coeur trois fois gros comme elle, l'a fait. Sa victoire a fracassé les derniers soupçons collant à l'entraîneur et dans sa foulée, c'est tout l'espoir d'une écurie renaissant de ses cendres qu'elle a porté.
Au retour de la piste, La Segnora autour du cou de laquelle son propriétaire Paul Sebag a passé sa cravate, et son jockey, Frédéric Ditta.
Elina
J'attends Yann Porzier au café de la grande rue centrale. Je ne connais pas cet homme, seulement ce qu'on a pu me dire de lui, ce que j'ai pu en lire aussi.
Entraîneur vedette des années 90' à la réussite insolente, aux phrases toujours cinglantes, il s'est retrouvé réduit à néant après une instruction judiciaire pour suspicion de dopage.
J'appréhende toujours un peu ce genre de personnage qui tentent la plupart du temps de convaincre qu'ils sont blancs comme neige et n'ont rien fait.
Mal m'en a pris…
L’homme ne laisse pas indifférent. Il cite à la volée Pierre Dac ou Nietzsche, s’abreuve de café, bombe le torse devant les jolies femmes, a le verbe haut. Mais il sait aussi prendre le pouls de son personnel tout en écoutant celui de ses chevaux. Il peut rester pensif devant le lilas fleurissant à l’entrée de l’écurie, ou se remémorer les victoires passés des grands champions qu'il a entraîné.
De lui-même, Yann Porzier reconnaît : « Si j’avais su me taire, rester à ma place, je n’aurais probablement pas été la bête à abattre. » Il serait facile de l’imaginer en vedette déchue empressée de prendre sa revanche. Mais entre le « Porzier 2005 » et le « Porzier 2011 », six années se sont écoulées, dont plus de quatre loin des pistes d’entraînement : une garde à vue, un séjour à l’ombre au pénitencier de Caen, une mise au ban de la société des courses, une famille disloquée et la perte d’un père.
« J’ai appris l’humilité. J’ai compris qu’il y avait des choses contre lesquelles je ne pouvais pas lutter. J’ai pris conscience, aussi, de mon amour des chevaux tant ils m’ont manqué. Aujourd’hui, je vis ma vie au jour le jour, Carpe Diem. » Quant à la revanche, il n’en est rien. Passés les quelques bons mots collant à son personnage, il se pose et réfléchit. Ne trouvant pas d’expression pour expliquer ce qui, au-delà des amis et des proches – sa mère en tête – lui a permis de tenir loin de sa raison de vivre, il finit par sortir discrètement de son col de chemise une petite croix en or. « Je ne suis pas plus pratiquant qu’un autre, mais lui, Lui, il m’a écouté et entendu. Si j’ai pu tenir, c’est aussi grâce à Lui. »
Dimanche, Yann Porzier a sellé La Segnora à Auteuil, dans le Prix du Président de la République. Ce n'est pas une course extrêmement prestigieuse, mais l'un des handicaps les mieux dotés (225 000 euros) de la Butte Mortemart. Aucune femelle ne l'avait remporté depuis 35 ans. La Segnora l'a fait. Cette petite crevette grise au coeur trois fois gros comme elle, l'a fait. Sa victoire a fracassé les derniers soupçons collant à l'entraîneur et dans sa foulée, c'est tout l'espoir d'une écurie renaissant de ses cendres qu'elle a porté.
Au retour de la piste, La Segnora autour du cou de laquelle son propriétaire Paul Sebag a passé sa cravate, et son jockey, Frédéric Ditta.
Elina